Le roi BĂ©renger 1er : Il va bientĂŽt mourir et est le seul Ă  ne pas le savoir.Et mĂȘme quand un personnage essaye de le prĂ©venir, il nie en bloc. đŸ‘žđŸ» La Reine Marguerite: PremiĂšre Ă©pouse du roi.Elle incarne la raison, le rĂ©alisme.Elle est lucide derriĂšre son caractĂšre manifestement froid.
LES DROITS DE LA FEMME. À LA REINE. Madame,Peu faite au langage que l’on tient aux Rois, je n’emploierai point l’adulation des Courtisans pour vous faire hommage de cette singuliĂšre production. Mon but, Madame, est de vous parler franchement ; je n’ai pas attendu, pour m’exprimer ainsi, l’époque de la LibertĂ© ; je me suis montrĂ©e avec la mĂȘme Ă©nergie dans un temps oĂč l’aveuglement des Despotes punissait une si noble audace. Lorsque tout l’Empire vous accusait et vous rendait responsable de ses calamitĂ©s, moi seule, dans un temps de trouble et d’orage, j’ai eu la force de prendre votre dĂ©fense. Je n’ai jamais pu me persuader qu’une Princesse, Ă©levĂ©e au sein des grandeurs, eĂ»t tous les vices de la bassesse. Oui, Madame, lorsque j’ai vu le glaive levĂ© sur vous, j’ai jetĂ© mes observations entre ce glaive et la victime ; mais aujourd’hui que je vois qu’on observe de prĂšs la foule de mutins soudoyĂ©e, & qu’elle est retenue par la crainte des loix, je vous dirai, Madame, ce que je ne vous aurois pas dit alors. Si l’étranger porte le fer en France, vous n’ĂȘtes plus Ă  mes yeux cette Reine faussement inculpĂ©e, cette Reine intĂ©ressante, mais une implacable ennemie des Français. Ah ! Madame, songez que vous ĂȘtes mĂšre et Ă©pouse ; employez tout votre crĂ©dit pour le retour des Princes. Ce crĂ©dit, si sagement appliquĂ©, raffermit la couronne du pĂšre, la conserve au fils, et vous rĂ©concilie l’amour des Français. Cette digne nĂ©gociation est le vrai devoir d’une Reine. L’intrigue, la cabale, les projets sanguinaires prĂ©cipiteroient votre chĂ»te, si l’on pouvait vous soupçonner capable de semblables desseins. Qu’un plus noble emploi, Madame, vous caractĂ©rise, excite votre ambition, et fixe vos regards. Il n’appartient qu’à celle que le hasard a Ă©levĂ©e Ă  une place Ă©minente, de donner du poids Ă  l’essor des Droits de la Femme, et d’en accĂ©lĂ©rer les succĂšs. Si vous Ă©tiez moins instruite, Madame, je pourrais craindre que vos intĂ©rĂȘts particuliers ne l’emportassent sur ceux de votre sexe. Vous aimez la gloire songez, Madame, que les plus grands crimes s’immortalisent comme les plus grandes vertus ; mais quelle diffĂ©rence de cĂ©lĂ©britĂ© dans les fastes de l’histoire ! l’une est sans cesse prise pour exemple, et l’autre est Ă©ternellement l’exĂ©cration du genre humain. On ne vous fera jamais un crime de travailler Ă  la restauration des mƓurs, Ă  donner Ă  votre sexe toute la consistence dont il est susceptible. Cet ouvrage n’est pas le travail d’un jour, malheureusement pour le nouveau rĂ©gime. Cette rĂ©volution ne s’opĂ©rera que quand toutes les femmes seront pĂ©nĂ©trĂ©es de leur dĂ©plorable sort, & des droits qu’elles ont perdus dans la sociĂ©tĂ©. Soutenez, Madame, une si belle cause ; dĂ©fendez ce sexe malheureux, et vous aurez bientĂŽt pour vous une moitiĂ© du royaume, et le tiers au moins de l’autre. VoilĂ , Madame, voilĂ  par quels exploits vous devez vous signaler et employer votre crĂ©dit. Croyez-moi, Madame, notre vie est bien peu de chose, sur-tout pour une Reine, quand cette vie n’est pas embellie par l’amour des peuples, et par les charmes Ă©ternels de la bienfaisance. S’il est vrai que des Français arment contre leur patrie toutes les puissances ; pourquoi ? pour de frivoles prĂ©rogatives, pour des chimĂšres. Croyez, Madame, si j’en juge par ce que je sens, le parti monarchique se dĂ©truira de lui-mĂȘme, qu’il abandonnera tous les tyrans, et tous les cƓurs se rallieront autour de la patrie pour la dĂ©fendre. VoilĂ , Madame, voilĂ  quels sont mes principes. En vous parlant de ma patrie, je perds de vue le but de cette dĂ©dicace. C’est ainsi que tout bon Citoyen sacrifie sa gloire, ses intĂ©rĂȘts, quand il n’a pour objet que ceux de son pays. Je suis avec le plus profond respect, Madame, Votre trĂšs-humble et trĂšs- obĂ©issante servante, De Gouges. LES DROITS DE LA FEMME. Homme, es-tu capable d’ĂȘtre juste ? C’est une femme qui t’en fait la question ; tu ne lui ĂŽteras pas du moins ce droit. Dis-moi ? Qui t’a donnĂ© le souverain empire d’opprimer mon sexe ? ta force ? tes talents ? Observe le crĂ©ateur dans sa sagesse ; parcours la nature dans toute sa grandeur, dont tu sembles vouloir te rapprocher, et donne-moi, si tu l’oses, l’exemple de cet empire tirannique[1]. Remonte aux animaux, conĆżulte les Ă©lĂ©mens, Ă©tudie les vĂ©gĂ©taux, jette enfin un coup-d’Ɠil sur toutes les modifications de la matiĂšre organisĂ©e ; et rends-toi Ă  l’évidence quand je t’en offre les moyens ; cherche, fouille et distingue, si tu peux, les sexes dans l’administration de la nature. Par-tout tu les trouveras confondus, par-tout ils coopĂšrent avec un ensemble harmonieux Ă  ce chef-d’Ɠuvre immortel. L’homme seul s’est fagotĂ© un principe de cette exception. BiĆżarre, aveugle, boursoufflĂ© de sciences et dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©, dans ce siĂšcle de lumiĂšres et de sagacitĂ©, dans l’ignorance la plus crasse, il veut commander en despote sur un sexe qui a reçu toutes les facultĂ©s intellectuelles ; il prĂ©tend jouir de la rĂ©volution, et rĂ©clamer ses droits Ă  l’égalitĂ©, pour ne rien dire de plus. DÉCLARATION DES DROITS DE LAFEMME ET DE LA CITOYENNE, À dĂ©crĂ©ter par l’AssemblĂ©e nationale dans ses derniĂšres sĂ©ances ou dans celle de la prochaine lĂ©gislature. PrĂ©ambule. Les mĂšres, les filles, les sƓurs, reprĂ©sentantes de la nation, demandent d’ĂȘtre constituĂ©es en assemblĂ©e nationale. ConsidĂ©rant que l’ignorance, l’oubli ou le mĂ©pris des droits de la femme, sont les seules causes des malheurs publics et de la corruption des gouvernements, ont rĂ©solu d’exposer dans une dĂ©claration solemnelle, les droits naturels, inaliĂ©nables et sacrĂ©s de la femme, afin que cette dĂ©claration, constamment prĂ©sente Ă  tous les membres du corps social, leur rappelle sans cesse leurs droits et leurs devoirs, afin que les actes du pouvoir des femmes, et ceux du pouvoir des hommes pouvant ĂȘtre Ă  chaque instant comparĂ©s avec le but de toute institution politique, en soient plus respectĂ©s, afin que les rĂ©clamations des citoyennes, fondĂ©es dĂ©sormais sur des principes simples et incontestables, tournent toujours au maintien de la constitution, des bonnes mƓurs, et au bonheur de tous. En consĂ©quence, le sexe supĂ©rieur en beautĂ© comme en courage, dans les souffrances maternelles, reconnaĂźt et dĂ©clare, en prĂ©sence et sous les auspices de l’Être suprĂȘme, les Droits suivans de la Femme et de la Citoyenne. Article premier. La Femme naĂźt libre et demeure Ă©gale Ă  l’homme en droits. Les distinctions sociales ne peuvent ĂȘtre fondĂ©es que sur l’utilitĂ© commune. II. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et impreĆżcriptibles de la Femme et de l’Homme ces droits sont la libertĂ©, la propriĂ©tĂ©, la sĂ»retĂ©, et sur-tout la rĂ©sistance Ă  l’oppression. III. Le principe de toute souverainetĂ© rĂ©side essentiellement dans la Nation, qui n’est que la rĂ©union de la Femme et de l’Homme nul corps, nul individu, ne peut exercer d’autoritĂ© qui n’en Ă©mane expressĂ©ment. IV. La libertĂ© et la justice consistent Ă  rendre tout ce qui appartient Ă  autrui ; ainsi l’exercice des droits naturels de la femme n’a de bornes que la tyrannie perpĂ©tuelle que l’homme lui oppose ; ces bornes doivent ĂȘtre rĂ©formĂ©es par les loix de la nature et de la raison. V. Les loix de la nature et de la raison dĂ©fendent toutes actions nuisibles Ă  la sociĂ©tĂ© tout ce qui n’est pas dĂ©fendu par ces loix, sages et divines, ne peut ĂȘtre empĂȘchĂ©, et nul ne peut ĂȘtre contraint Ă  faire ce qu’elles n’ordonnent pas. VI. La Loi doit ĂȘtre l’expression de la volontĂ© gĂ©nĂ©rale ; toutes les Citoyennes et Citoyens doivent concourir personellement, ou par leurs reprĂ©sentans, Ă  sa formation ; elle doit ĂȘtre la mĂȘme pour tous toutes les citoyennes et tous les citoyens, Ă©tant Ă©gaux Ă  ses yeux, doivent ĂȘtre Ă©galement admissibles Ă  toutes dignitĂ©s, places et emplois publics, selon leurs capacitĂ©s, & sans autres distinctions que celles de leurs vertus et de leurs talents. VII. Nulle femme n’est exceptĂ©e ; elle est accusĂ©e, arrĂȘtĂ©e, & dĂ©tenue dans les cas dĂ©terminĂ©s par la Loi. Les femmes obĂ©issent comme les hommes Ă  cette Loi rigoureuse. VIII. La loi ne doit Ă©tablir que des peines strictement & Ă©videmment nĂ©cessaires, & nul ne peut ĂȘtre puni qu’en vertu d’une Loi Ă©tablie et promulguĂ©e antĂ©rieurement au dĂ©lit et lĂ©galement appliquĂ©e aux femmes. IX. Toute femme Ă©tant dĂ©clarĂ©e coupable, toute rigueur est exercĂ©e par la Loi. X. Nul ne doit ĂȘtre inquiĂ©tĂ© pour ses opinions mĂȘmes fondamentales, la femme a le droit de monter sur l’échafaud ; elle doit avoir Ă©galement celui de monter Ă  la Tribune ; pourvu que ses manifestations ne troublent pas l’ordre public Ă©tabli par la Loi. XI. La libre communication des pensĂ©es et des opinions est un des droits les plus prĂ©cieux de la femme, puisque cette libertĂ© assure la lĂ©gitimitĂ© des pĂšres envers les enfans. Toute Citoyenne peut donc dire librement, je suis mĂšre d’un enfant qui vous appartient, sans qu’un prĂ©jugĂ© barbare la force Ă  dissimuler la vĂ©ritĂ© ; sauf Ă  rĂ©pondre de l’abus de cette libertĂ© dans les cas dĂ©terminĂ©s par la Loi. XII. La garantie des droits de la femme et de la Citoyenne nĂ©cessite une utilitĂ© majeure ; cette garantie doit ĂȘtre instituĂ©e pour l’avantage de tous, & non pour l’utilitĂ© particuliĂšre de celles Ă  qui elle est confiĂ©e. XIII. Pour l’entretien de la force publique, & pour les dĂ©penses d’administration, les contributions de la femme et de l’homme sont Ă©gales ; elle a part Ă  toutes les corvĂ©es, Ă  toutes les tĂąches pĂ©nibles ; elle doit donc avoir de mĂȘme part Ă  la distribution des places, des emplois, des charges, des dignitĂ©s et de l’industrie. XIV. Les Citoyennes et Citoyens ont le droit de constater par eux-mĂȘmes, ou par leurs reprĂ©sentans, la nĂ©cessitĂ© de la contribution publique. Les Citoyennes ne peuvent y adhĂ©rer que par l’admission d’un partage Ă©gal, non-seulement dans la fortune, mais encore dans l’administration publique, et de dĂ©terminer la quotitĂ©, l’assiette, le recouvrement et la durĂ©e de l’impĂŽt. XV. La masse des femmes, coalisĂ©e pour la contribution Ă  celle des hommes, a le droit de demander compte, Ă  tout agent public, de son administration. XVI. Toute sociĂ©tĂ©, dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurĂ©e, ni la sĂ©paration des pouvoirs dĂ©terminĂ©e, n’a point de constitution ; la constitution est nulle, si la majoritĂ© des individus qui composent la Nation, n’a pas coopĂ©rĂ© Ă  sa rĂ©daction. XVII. Les propriĂ©tĂ©s sont Ă  tous les sexes rĂ©unis ou sĂ©parĂ©s ; elles ont pour chacun un droit inviolable et sacrĂ© ; nul ne peut en ĂȘtre privĂ© comme vrai patrimoine de la nature, si ce n’est lorsque la nĂ©cessitĂ© publique, lĂ©galement constatĂ©e, l’exige Ă©videmment, et sous la condition d’une juste et prĂ©alable indemnitĂ©. POSTAMBULE. Femme, rĂ©veille-toi ; le tocĆżin de la raison se fait entendre dans tout l’univers ; reconnois tes droits. Le puissant empire de la nature n’est plus environnĂ© de prĂ©jugĂ©s, de fanatisme, de superstition et de mensonges. Le flambeau de la vĂ©ritĂ© a dissipĂ© tous les nuages de la sottise et de l’usurpation. L’homme esclave a multipliĂ© ses forces, a eu besoin de recourir aux tiennes pour briser ses fers. Devenu libre, il est devenu injuste envers sa compagne. Ô femmes ! femmes, quand cesserez-vous d’ĂȘtre aveugles ? Quels sont les avantages que vous avez recueillis dans la rĂ©volution ? Un mĂ©pris plus marquĂ©, un dĂ©dain plus signalĂ©. Dans les siĂšcles de corruption vous n’avez rĂ©gnĂ© que sur la foiblesse des hommes. Votre empire est dĂ©truit ; que vous reste-t-il donc ? la conviction des injustices de l’homme. La rĂ©clamation de votre patrimoine, fondĂ©e sur les sages dĂ©crets de la nature ; qu’auriez-vous Ă  redouter pour une si belle entreprise ? le bon mot du LĂ©gislateur des noces de Cana ? Craignez-vous que nos LĂ©gislateurs Français, correcteurs de cette morale, long-temps accrochĂ©e aux branches de la politique, mais qui n’est plus de saison, ne vous rĂ©pĂštent femmes, qu’y a-t-il de commun entre vous et nous ? Tout, auriez-vous Ă  rĂ©pondre. S’ils s’obstinoient, dans leur faiblesse, Ă  mettre cette inconsĂ©quence en contradiction avec leurs principes ; opposez courageusement la force de la raison aux vaines prĂ©tentions de supĂ©rioritĂ© ; rĂ©unissez-vous sous les Ă©tendards de la philosophie ; dĂ©ployez toute l’énergie de votre caractĂšre, et vous verrez bientĂŽt ces orgueilleux, non serviles adorateurs rampans Ă  vos pieds, mais fiers de partager avec vous les trĂ©sors de l’Être SuprĂȘme. Quelles que soient les barriĂšres que l’on vous oppose, il est en votre pouvoir de les affranchir ; vous n’avez qu’à le vouloir. Passons maintenant Ă  l’effroyable tableau de ce que vous avez Ă©tĂ© dans la sociĂ©tĂ© ; & puisqu’il est question, en ce moment, d’une Ă©ducation nationale, voyons si nos sages LĂ©gislateurs penseront sainement sur l’éducation des femmes. Les femmes ont fait plus de mal que de bien. La contrainte et la dissimulation ont Ă©tĂ© leur partage. Ce que la force leur avoit ravi, la ruse leur a rendu ; elles ont eu recours Ă  toutes les ressources de leurs charmes, et le plus irrĂ©prochable ne leur rĂ©sistoit pas. Le poison, le fer, tout leur Ă©toit soumis ; elles commandoient au crime comme Ă  la vertu. Le gouvernement français, surtout, a dĂ©pendu, pendant des siĂšcles, de l’administration nocturne des femmes ; le cabinet n’avaoit point de secret pour leur indiscrĂ©tion ; ambassade, commandement, ministĂšre, prĂ©sidence, pontificat[2], cardinalat ; enfin tout ce qui caractĂ©rise la sottise des hommes, profane et sacrĂ©, tout a Ă©tĂ© soumis Ă  la cupiditĂ© et Ă  l’ambition de ce sexe autrefois mĂ©prisable et respectĂ©, et depuis la rĂ©volution, respectable et mĂ©prisĂ©. Dans cette sorte d’antithĂšse, que de remarques n’ai-je point Ă  offrir ! je n’ai qu’un moment pour les faire, mais ce moment fixera l’attention de la postĂ©ritĂ© la plus reculĂ©e. Sous l’ancien rĂ©gime, tout Ă©toit vicieux, tout Ă©toit coupable ; mais ne pourroit-on pas apercevoir l’amĂ©lioration des choses dans la substance mĂȘme des vices ? Une femme n’avoit besoin que d’ĂȘtre belle ou aimable ; quand elle possĂ©doit ces deux avantages, elle voyoit cent fortunes Ă  ses pieds. Si elle n’en profitoit pas, elle avoit un caractĂšre bizarre, ou une philosophie peu commune, qui la portoit aux mĂ©pris des richesses ; alors elle n’étoit plus considĂ©rĂ©e que comme une mauvaise tĂȘte ; la plus indĂ©cente se faisoit respecter avec de l’or ; le commerce des femmes Ă©toit une espĂšce d’industrie reçue dans la premiĂšre classe, qui, dĂ©sormais, n’aura plus de crĂ©dit. S’il en avoit encore, la rĂ©volution seroit perdue, et sous de nouveaux rapports, nous serions toujours corrompus ; cependant la raison peut-elle se dissimuler que tout autre chemin Ă  la fortune est fermĂ© Ă  la femme que l’homme achete, comme l’esclave sur les cĂŽtes d’Afrique. La diffĂ©rence est grande ; on le sait. L’esclave commande au maĂźtre ; mais si le maĂźtre lui donne la libertĂ© sans rĂ©compense, et Ă  un Ăąge oĂč l’esclave a perdu tous ses charmes, que devient cette infortunĂ©e ? Le jouet du mĂ©pris ; les portes mĂȘme de la bienfaisance lui sont fermĂ©es ; elle est pauvre et vieille, dit-on ; pourquoi n’a-t-elle pas su faire fortune ? D’autres exemples encore plus touchans s’offrent Ă  la raison. Une jeune personne sans expĂ©rience, sĂ©duite par un homme qu’elle aime, abandonnera ses parens pour le suivre ; l’ingrat la laissera aprĂšs quelques annĂ©es, et plus elle aura vieilli avec lui, plus son inconstance sera inhumaine ; si elle a des enfants, il l’abandonnera de mĂȘme. S’il est riche, il se croira dispensĂ© de partager sa fortune avec ses nobles victimes. Si quelqu’engagement le lie Ă  ses devoirs, il en violera la puissance en espĂ©rant tout des lois. S’il est mariĂ©, tout autre engagement perd ses droits. Quelles lois reste-t-il donc Ă  faire pour extirper le vice jusques dans la racine ? Celle du partage des fortunes entre les hommes et les femmes, et de l’administration publique. On conçoit aisĂ©ment que celle qui est nĂ©e d’une famille riche, gagne beaucoup avec l’égalitĂ© des partages. Mais celle qui est nĂ©e d’une famille pauvre, avec du mĂ©rite et des vertus ; quel est son lot ? La pauvretĂ© et l’opprobre. Si elle n’excelle pas prĂ©cisĂ©ment en musique ou en peinture, elle ne peut ĂȘtre admise Ă  aucune fonction publique, quand elle en auroit toute la capacitĂ©. Je ne veux donner qu’un aperçu des choses, je les approfondirai dans la nouvelle Ă©dition de mes ouvrages politiques que je me propose de donner au public dans quelques jours, avec des notes. Je reprends mon texte quant aux mƓurs. Le mariage est le tombeau de la confiance & de l’amour. La femme mariĂ©e peut impunĂ©ment donner des bĂątards Ă  son mari, et la fortune qui ne leur appartient pas. Celle qui ne l’est pas, n’a qu’un foible droit les lois anciennes et inhumaines lui refusoient ce droit sur le nom & sur le bien de leur pĂšre, pour ses enfants, et l’on n’a pas fait de nouvelles lois sur cette matiĂšre. Si tenter de donner Ă  mon sexe une consistance honorable et juste, est considĂ©rĂ© dans ce moment comme un paradoxe de ma part, et comme tenter l’impossible, je laisse aux hommes Ă  venir la gloire de traiter cette matiĂšre ; mais, en attendant, on peut la prĂ©parer par l’éducation nationale, par la restauration des mƓurs et par les conventions conjugales. Forme du Contrat social de l’Homme et de la Femme. Nous N et N, mus par notre propre volontĂ©, nous unissons pour le terme de notre vie, et pour la durĂ©e de nos penchans mutuels, aux conditions suivantes Nous entendons & voulons mettre nos fortunes en communautĂ©, en nous rĂ©servant cependant le droit de les sĂ©parer en faveur de nos enfans, et de ceux que nous pourrions avoir d’une inclination particuliĂšre, reconnaissant mutuellement que notre bien appartient directement Ă  nos enfans, de quelque lit qu’ils sortent, et que tous indistinctement ont le droit de porter le nom des pĂšres et mĂšres qui les ont avouĂ©s, et nous imposons de souscrire Ă  la loi qui punit l’abnĂ©gation de son propre sang. Nous nous obligeons Ă©galement, au cas de sĂ©paration, de faire le partage de notre fortune, et de prĂ©lever la portion de nos enfans indiquĂ©e par la loi ; et, au cas d’union parfaite, celui qui viendrait Ă  mourir, se dĂ©sisteroit de la moitiĂ© de ses propriĂ©tĂ©s en faveur de ses enfans ; et si l’un mouroit sans enfans, le survivant hĂ©riteroit de droit, Ă  moins que le mourant n’ait disposĂ© de la moitiĂ© du bien commun en faveur de qui il jugeroit Ă  propos. VoilĂ  Ă -peu-prĂšs la formule de l’acte conjugal dont je propose l’exĂ©cution. À la lecture de ce bisarre Ă©crit, je vois s’élever contre moi les tartuffes, les bĂ©gueules, le clergĂ© et toute la sĂ©quelle infernale. Mais combien il offrira aux sages de moyens moraux pour arriver Ă  la perfectibilitĂ© d’un gouvernement heureux ! j’en vais donner en peu de mots la preuve physique. Le riche Épicurien sans enfans, trouve fort bon d’aller chez son voisin pauvre augmenter sa famille. Lorsqu’il y aura une loi qui autorisera la femme du pauvre Ă  faire adopter au riche ses enfans, les liens de la sociĂ©tĂ© seront plus resserrĂ©s, et les mƓurs plus Ă©purĂ©es. Cette loi conservera peut-ĂȘtre le bien de la communautĂ©, et retiendra le dĂ©sordre qui conduit tant de victimes dans les hospices de l’opprobre, de la bassesse et de la dĂ©gĂ©nĂ©ration des principes humains, oĂč, depuis long-tems, gĂ©mit la nature. Que les dĂ©tracteurs de la saine philosophie cessent donc de se rĂ©crier contre les mƓurs primitives, ou qu’ils aillent se perdre dans la source de leurs citations[3]. Je voudrois encore une loi qui avantageĂąt les veuves et les demoiselles trompĂ©es par les fausses promesses d’un homme Ă  qui elles se seroient attachĂ©es ; je voudrois, dis-je, que cette loi forçùt un inconstant Ă  tenir ses engagemens, ou Ă  une indemnitĂ© proportionnelle Ă  sa fortune. Je voudrois encore que cette loi fĂ»t rigoureuse contre les femmes, du moins pour celles qui auroient le front de recourir Ă  une loi qu’elles auroient elles-mĂȘmes enfreinte par leur inconduite, si la preuve en Ă©toit faite. Je voudrois, en mĂȘme tems, comme je l’ai exposĂ©e dans le bonheur primitif de l’homme, en 1788, que les filles publiques fussent placĂ©es dans des quartiers dĂ©signĂ©s. Ce ne sont pas les femmes publiques qui contribuent le plus Ă  la dĂ©pravation des mƓurs, ce sont les femmes de la sociĂ©tĂ©. En restaurant les derniĂšres, on modifie les premiĂšres. Cette chaĂźne d’union fraternelle offrira d’abord le dĂ©sordre, mais par les suites, elle produira Ă  la fin un ensemble parfait. J’offre un moyen invincible pour Ă©lever l’ame des femmes ; c’est de les joindre Ă  tous les exercices de l’homme si l’homme s’obstine Ă  trouver ce moyen impraticable, qu’il partage avec la femme, non Ă  son caprice, mais par la sageƿƿe des loix. Le prĂ©jugĂ© tombe, les mƓurs s’épurent, et la nature reprend tous ses droits. Ajoutez-y le mariage des prĂȘtres ; le Roi, raffermi sur son trĂŽne, et le gouvernement français ne sauroit plus pĂ©rir. Il Ă©toit bien nĂ©cessaire que je dise quelques mots sur les troubles que cause, dit-on, le dĂ©cret en faveur des hommes de couleur, dans nos Ăźles. C’est l’à oĂč la nature frĂ©mit d’horreur ; c’est l’à oĂč la raison et l’humanitĂ©, n’ont pas encore touchĂ© les Ăąmes endurcies ; c’est lĂ  sur-tout oĂč la division et la discorde agitent leurs habitans. Il n’est pas difficile de deviner les instigateurs de ces fermentations incendiaires il y en a dans le sein mĂȘme de l’AssemblĂ©e Nationale ils alument en Europe le feu qui doit embraser l’AmĂ©rique. Les Colons prĂ©tendent rĂ©gner en despotes sur des hommes dont ils sont les pĂšres et les frĂšres ; et mĂ©connoissant les droits de la nature, ils en poursuivent la source jusque dans la plus petite teinte de leur sang. Ces Colons inhumains disent notre sang circule dans leurs veines, mais nous le rĂ©pandrons tout, s’il le faut, pour assouvir notre cupiditĂ©, ou notre aveugle ambition. C’est dans ces lieux les plus prĂšs de la nature, que le pĂšre mĂ©connoĂźt le fils ; sourd aux cris du sang, il en Ă©touffe tous les charmes ; que peut-on espĂ©rer de la rĂ©sistance qu’on lui oppose ? la contraindre avec violence, c’est la rendre terrible, la laisser encore dans les fers, c’est acheminer toutes les calamitĂ©s vers l’AmĂ©rique. Une main divine semble rĂ©pandre par tout l’appanage de l’homme, la libertĂ© ; la loi seule a le droit de rĂ©primer cette libertĂ©, si elle dĂ©gĂ©nĂ©re en licence ; mais elle doit ĂȘtre Ă©gale pour tous, c’est elle sur-tout qui doit renfermer l’AssemblĂ©e Nationale dans son dĂ©cret, dictĂ© par la prudence et par la justice. Puisse-t-elle agir de mĂȘme pour l’état de la France, et se rendre aussi attentive sur les nouveaux abus, comme elle l’a Ă©tĂ© sur les anciens qui deviennent chaque jour plus effroyables ! Mon opinion seroit encore de raccommoder le pouvoir exĂ©cutif avec le pouvoir lĂ©gislatif, car il me semble que l’un est tout, et que l’autre n’est rien ; d’oĂč naĂźtra, malheureusement peut ĂȘtre, la perte de l’Empire François. Je considĂšre ces deux pouvoirs, comme l’homme et la femme[4] qui doivent ĂȘtre unis, mais Ă©gaux en force et en vertu, pour faire un bon mĂ©nage. Il eĆżt donc vrai que nul individu ne peut Ă©chapper Ă  son sort ; j’en fais l’expĂ©rience aujourd’hui. J’avois rĂ©solu & dĂ©cidĂ© de ne pas me permettre le plus petit mot pour rire dans cette production, mais le sort en a dĂ©cidĂ© autrement voici le fait L’économie n’est point dĂ©fendue, sur-tout dans ce tems de misĂšre. J’habite la campagne. Ce matin Ă  huit heures je suis partie d’Auteuil, & me suis acheminĂ©e vers la route qui conduit de Paris Ă  Versailles, oĂč l’on trouve souvent ces fameuses guinguettes qui ramassent les passans Ă  peu de frais. Sans doute une mauvaise Ă©toile me poursuivoit dĂšs le matin. J’arrive Ă  la barriĂšre oĂč je ne trouve pas mĂȘme le triste sapin aristocrate. Je me repose sur les marches de cet Ă©difice insolent qui recĂ©loit des commis. Neuf heures sonnent, & je continue mon chemin une voiture s’offre Ă  mes regards, j’y prends place, & j’arrive Ă  neuf heures un quart, Ă  deux montres diffĂ©rentes, au Pont-Royal. J’y prends le sapin, & je vole chez mon Imprimeur, rue Christine, car je ne peux aller que lĂ  si matin en corrigeant mes Ă©preuves, il me reste toujours quelque choĆże Ă  faire ; si les pages ne Ćżont pas bien serrĂ©es & remplies. Je reste Ă -peu-prĂšs vingt minutes ; & fatiguĂ©e de marche, de composition & d’impression, je me propose d’aller prendre un bain dans le quartier du Temple, oĂč j’allois dĂźner. J’arrive Ă  onze heures moins un quart Ă  la pendule du bain ; je devois donc au cocher une heure & demie ; mais, pour ne pas avoir de dispute avec lui, je lui offre 48 Ćżols il exige plus, comme d’ordinaire ; il fait du bruit. Je m’obstine Ă  ne vouloir plus lui donner que son dĂ», car l’ĂȘtre Ă©quitable aime mieux ĂȘtre gĂ©nĂ©reux que dupe. Je le menace de la loi, il me dit qu’il s’en moque, & que je lui payerai deux heures. Nous arrivons chez un commissaire de paix, que j’ai la gĂ©nĂ©rositĂ© de ne pas nommer, quoique l’acte d’autoritĂ© qu’il s’est permis envers moi, mĂ©rite une dĂ©nonciation formelle. Il ignoroit sans doute que la femme qui rĂ©clamoit sa justice Ă©toit la femme auteur de tant de bienfaisance & d’équitĂ©. Sans avoir Ă©gard Ă  mes raisons, il me condamne impitoyablement Ă  payer au cocher ce qu’il demandoit. Connoissant mieux la loi que lui, je lui dis, Monsieur, je m’y refuse, & je vous prie de faire attention que vous n’ĂȘtes pas dans le principe de votre charge. Alors cet homme, ou, pour mieux dire, ce forcenĂ© s’emporte, me menace de la Force si je ne paye Ă  l’instant, ou de rester toute la journĂ©e dans son bureau. Je lui demande de me faire conduire au tribunal de dĂ©partement ou Ă  la mairie, ayant Ă  me plaindre de son coup d’autoritĂ©. Le grave magistrat, en redingote poudreuse & dĂ©goĂ»tante comme sa conversation, m’a dit plaisamment cette affaire ira sans doute Ă  l’AssemblĂ©e Nationale ? Cela se pourroit bien, lui dis-je ; & je m’en fus moitiĂ© furieuse & moitiĂ© riant du jugement de ce moderne Bride-Oison, en disant c’est donc lĂ  l’espĂšce d’homme qui doit juger un peuple Ă©clairĂ© ! On ne voit que cela. Semblables aventures arrivent indistinctement aux bons patriotes, comme aux mauvais. Il n’y a qu’un cri sur les dĂ©sordres des sections & des tribunaux. La justice ne se rend pas ; la loi est mĂ©connue, & la police se fait, Dieu sait comment. On ne peut plus retrouver les cochers Ă  qui l’on confie des effets ; ils changent les numĂ©ros Ă  leur fantaiĆżie, & plusieurs personnes, ainsi que moi, ont fait des pertes considĂ©rables dans les voitures. Sous l’ancien rĂ©gime, quel que fĂ»t son brigandage, on trouvait la trace de ses pertes, en faisant un appel nominal des cochers, & par l’inspection exacte des numĂ©ros ; enfin on Ă©toit en sĂ»retĂ©. Que font ces juges de paix ? que font ces comissaires, ces inspecteurs du nouveau rĂ©gime ? Rien que des sottises & des monopoles. L’AssemblĂ©e Nationale doit fixer toute son attention sur cette partie qui embrasse l’ordre social. P. S. Cet ouvrage Ă©toit compoƿé depuis quelques jours ; il a Ă©tĂ© retardĂ© encore Ă  l’impreƿƿion ; et au moment que M. Taleyrand, dont le nom sera toujours cher Ă  la poĆżtĂ©ritĂ©, venant de donner son ouvrage sur les principes de l’éducation nationale, cette production Ă©toit dĂ©jĂ  Ćżous la presse. Heureuse si je me suis rencontrĂ©e avec les vues de cet orateur ! Cependant je ne puis m’empĂȘcher d’arrĂȘter la presse, et de faire Ă©clater la pure joie, que mon cƓur a ressentie Ă  la nouvelle que le roi venoit d’accepter la Constitution, et que l’assemblĂ©e nationale, que j’adore actuellement, Ćżans excepter l’abbĂ© Maury ; et la Fayette est un dieu, avoit proclamĂ© d’une voix unanime une amnistie gĂ©nĂ©rale. Providence divine, fais que cette joie publique ne Ćżoit pas une fausse illusion ! Renvoie-nous, en corps, tous nos fugitifs, et que je puisse avec un peuple aimant, voler sur leur passage ; et dans ce jour solemnel, nous rendrons tous hommage Ă  ta puissance. ↑ De Paris au PĂ©rou, du Japon jusqu’à Rome, Le plus sot animal, Ă  mon avis, c’est l’homme. ↑ M. de Berais, de la façon de madame de Pompadour. ↑ Abraham eut des enfans trĂšs-lĂ©gitimes d’Agar, servante de sa femme. ↑ Dans le souper magique de M. de Merville, Ninon demande quelle est la maitresse de Louis XVI ? On lui rĂ©pond, c’est la Nation, cette maitresse corrompra le gouvernement si elle prend trop d’empire.
Leroi Felipe VI et la reine Letizia d'Espagne assistent à la finale de la Copa del Rey à Madrid, le 22 mai 2016. Anniversaire de mariage ou pas, le 22 mai était placé sous le signe du foot
Voici quelque 200 Mots, parfois apocryphes, mais toujours sourcĂ©s comme dans l’Histoire en citations. La prĂ©sentation chronologique montre qu’on ne mourait pas sous l’AntiquitĂ© ni mĂȘme au XIXe siĂšcle comme aujourd’hui. Autre leçon de l’histoire, on meurt souvent comme on a vĂ©cu, roi ou empereur, chef d’État ou militaire, chrĂ©tien ou athĂ©e, poĂšte ou philosophe, dramaturge ou acteur, artiste ou scientifique, d’oĂč le classement thĂ©matique en neuf catĂ©gories. Le sexe ou l’ñge ne jouent guĂšre et certaines morts Ă  contremploi » surprennent. Quelques personnages cumulent deux ou trois mots de la fin JĂ©sus, Voltaire, Hugo
 Une pĂ©riode se rĂ©vĂšle particuliĂšrement riche, la RĂ©volution pendant six ans, la guillotine tue beaucoup plus que la maladie ou la vieillesse et la situation donne du talent, voire du gĂ©nie improvisĂ© ou pas. Quelques mots sont bissĂ©s au fil des siĂšcles, le plus frĂ©quent Ă©tant le plus Ă©mouvant Maman. » Au final, on notera l’étonnante variĂ©tĂ© de tons et de styles, entre le drame et l’humour, le courage et la peur, le lyrisme ou la pudeur, la simplicitĂ© quotidienne ou la pause pour l’éternitĂ©. Reste une impression dominante la sincĂ©ritĂ© de ces derniers instants. À vous de juger, dans cet Ă©dito en quatre semaines. I. Empereurs, rois et reines, chrĂ©tiens. MOURIR EN EMPEREUR Toi aussi, mon fils ! » Tu quoque mi fili. » Jules CÉSAR 101-44 av. De viris illustribus 1775 rĂ©digĂ© par l’abbĂ© Lhomond, Des hommes illustres de Rome, de Romulus Ă  Auguste source biographique essentielle jusqu’à la fin des annĂ©es 1960. L’abbĂ© s’inspire de la mort de CĂ©sar rapportĂ©e pour la premiĂšre fois par l’historien SuĂ©tone Vie de CĂ©sar Il fut ainsi percĂ© de vingt-trois coups au premier seulement, il poussa un gĂ©missement, sans dire une parole. Toutefois, quelques Ă©crivains rapportent que, voyant s’avancer contre lui Marcus Brutus, il dit en grec “Toi aussi, mon fils !”. Douloureuse surprise de l’empereur, se voyant attaquĂ© par Brutus qui lui devait tout et qu’il considĂ©rait comme son fils. Agonisant, CĂ©sar s’exprime en grec, retrouvant la langue de son enfance celle de tous les Romains de la classe supĂ©rieure. Acta est fabula. » La piĂšce est jouĂ©e. » AUGUSTE 63 av. son mot de la fin. L’École normale journal de l’enseignement pratique, volume V 1861, Pierre Larousse. La piĂšce est jouĂ©e », c’est aussi par ces mots que s’achevaient les reprĂ©sentations théùtrales dans l’Empire. Petit-neveu, fils adoptif posthume et hĂ©ritier de CĂ©sar, Octave, sacrĂ© empereur sous le nom d’Auguste, est devenu seul maĂźtre de l’Empire romain, en 30 av. Ce premier empereur bĂ©nĂ©ficie d’un trĂšs long rĂšgne. Il finit de pacifier la Gaule, triomphant des derniĂšres rĂ©sistances dans les Alpes et les PyrĂ©nĂ©es. En 27 av. il fixe les bases administratives de la Gaule romaine. Le pays est divisĂ© en quatre provinces la Narbonnaise ancienne province au sud-est, l’Aquitaine au sud-ouest, la Celtique ou Lyonnaise au centre, la plus Ă©tendue et la Belgique au nord. Auguste meurt Ă  75 ans, sans doute de causes naturelles, mais ce serait trop beau pour ĂȘtre vrai ! Des rumeurs oui, dĂ©jà
 Ă©voquent un empoisonnement Ă  l’initiative de son Ă©pouse Livie. TibĂšre, son fils adoptif lui succĂšde Ă  la tĂȘte de l’Empire romain. Auguste est divinisĂ© par le SĂ©nat – de son vivant, il avait refusĂ© cet hommage Ă  son gĂ©nie, malgrĂ© le culte vouĂ© Ă  sa personne qui s’était progressivement rĂ©pandu dans l’Empire, notamment en Orient. Bref, une belle personne et un belle fin, fait quasiment unique dans le mĂ©tier impĂ©rial
 Je suis toujours vivant. » CALIGULA 12-41 Ă  ses gardes qui lui ont assĂ©nĂ© trente coups de glaive. Last Words, Last Words
 Out ! 2020 Miguel C’est l’un des nombreux dictionnaires qui recensent avec bonheur les mots de la fin qu’il faut encore vĂ©rifier et contextualiser soigneusement. Empereur romain rĂ©putĂ© pour sa cruautĂ©. Caligula est le petit neveu et fils adoptif de l’empereur TibĂšre, auquel il succĂšde entre 37 et 41. Il est pourtant aimĂ© par le peuple, car il apporte la paix dans Rome aprĂšs la fin de rĂšgne trĂšs mouvementĂ© de TibĂšre. Son assassinat est prĂ©cĂ©dĂ© d’une sĂ©rie de conjurations manquĂ©es, Ă  l’initiative de ses sƓurs et de son favori Marc-Émile LĂ©pide. Un dernier complot a raison de l’empereur Caligula est assassinĂ© par les soldats de sa garde personnelle qui ont finalement raison de son Ă©nergie vitale. Malheur ! Je me suis couvert de merde. » CLAUDE 10-54, empereur incontinent. Last Words, Last Words
 Out ! 2020 Miguel QuatriĂšme empereur romain, rĂ©gnant de 41 Ă  54 apr. et premier empereur nĂ© hors d’Italie. Enfant mĂ©prisĂ© en raison de ses dĂ©ficiences physiques Ă©locution et dĂ©marche incertaines, mal-aimĂ© de la famille impĂ©riale, tenu Ă  l’écart de toute activitĂ© publique, il sera pourtant proclamĂ© empereur par les prĂ©toriens qu’il comble en retour d’une gratification considĂ©rable un donativum, inaugurant une dĂ©pendance dangereuse. DĂ©pourvu d’expĂ©rience politique mais cultivĂ©, Claude se montre un administrateur capable. Il s’intĂ©resse aux affaires publiques, travaille avec le SĂ©nat sur les lois. Son administration de l’Empire renforce la centralisation en organisant des bureaux dirigĂ©s par ses affranchis. Il agrandit l’Empire en annexant de nouveaux territoires, les futures provinces de Lycie, MaurĂ©tanie, Norique et Thrace. En 43, il entame la conquĂȘte de la Bretagne, ce qui lui vaut, ainsi qu’à son fils, le surnom de Britannicus. Sa vie privĂ©e est malheureuse Messaline, sa troisiĂšme Ă©pouse, lui donne deux enfants, mais son inconduite et ou son ambition politique poussent Claude Ă  la faire exĂ©cuter. En quatriĂšmes noces, il Ă©pouse sa niĂšce Agrippine la Jeune qui lui fait adopter NĂ©ron. Il meurt empoisonnĂ© Ă  l’instigation d’Agrippine - selon l’avis de la plupart des historiens. NĂ©ron lui succĂšde. Quel artiste pĂ©rit en moi ! » NÉRON 37-68 ap. La Vie des douze CĂ©sars De vita duodecim Caesarum, livre VI. SuĂ©tone. Vaniteux et tyrannique, il est aussi amoureux des arts. PassionnĂ© de peinture et de sculpture, il raffole des reprĂ©sentations publiques oĂč il s’exhibe, comĂ©dien, joueur de flĂ»te, mime, danseur ou chanteur, voire mĂȘme conducteur de char dans les courses de chevaux du cirque. Il accueille les ovations et les prix avec une feinte modestie. SuĂ©tone dresse un portrait Ă  charge parfois invraisemblable NĂ©ron interdit Ă  la foule de sortir d’un théùtre oĂč il se produit. Certaines femmes accouchaient lors des reprĂ©sentations. D’autres spectateurs se font passer pour morts afin d’ĂȘtre Ă©vacuĂ©s ! Les caprices sanglants se multiplient en fin de rĂšgne, on le soupçonne mĂȘme d’avoir dĂ©clenchĂ© le grand incendie de Rome pour la beautĂ© du spectacle
 AprĂšs quatorze annĂ©es, le SĂ©nat dĂ©clara NĂ©ron ennemi public. PrĂ©venu, il refuse de prendre la fuite, adoptant la posture stoĂŻque de son maĂźtre SĂ©nĂšque - qu’il poussait au suicide. Il choisit la mĂȘme fin et se fait poignarder par son fidĂšle secrĂ©taire Épaphrodite. Il faut qu’un empereur meure debout. ». VESPASIEN 9-79. La Vie des douze CĂ©sars De vita duodecim Caesarum, livre VI, SuĂ©tone. Se sachant mourant, il se moque d’abord de la divinisation dont les empereurs font l’objet aprĂšs leur mort Vae, puto deus fio », Malheur ! Je crois que je deviens dieu. » Mais au dernier moment, victime d’une diarrhĂ©e qui l’épuise, dans un ultime effort pour se lever, il expira entre les bras de ceux qui l’assistaient. Vespasien fut un grand et bon rĂ©formateur de l’Empire Romain et sur tous les plans armĂ©e, finances, lois, urbanisme. Son nom reste pourtant attachĂ© aux toilettes publiques. Il crĂ©a une taxe sur la collecte d’urine, qui Ă©tait Ă  â€čĂ©poque le seul agent fixant pour les teintures. Son fils Titus lui reprochait d’avoir mis un impĂŽt sur les urines. Il lui mit sous le nez le premier argent qu’il perçut de cet impĂŽt, et lui demanda s’il sentait mauvais. Titus lui ayant rĂ©pondu que non C’est pourtant du liquide », dit Vespasien. Cette conversation nous est restĂ©e sous forme de proverbe l’argent n’a pas d’odeur » et les premiĂšres toilettes publiques de Paris furent nommĂ©es vespasiennes, en souvenir de cette initiative restĂ©e cĂ©lĂšbre – avec ou sans allusion Ă  la posture impĂ©riale ? Le second mot de la fin plus auguste et solennel est confirmĂ© de bonne source Il paraĂźt que je vais ĂȘtre bientĂŽt dieu. » L’Art de mourir 1932, Paul Morand. Tu as vaincu, GalilĂ©en. » JULIEN l’Apostat 331-363, mourant en 363. Histoire de France, tome XVIII 1878, Jules Michelet C’est le mot de la fin du plus redoutable ennemi du christianisme naissant. Julien a Ă©chappĂ© au massacre de sa famille, ordonnĂ© par son cousin Constance II, fils et successeur de Constantin Ier. ÉloignĂ© de la cour, le jeune prince se passionne pour la philosophie nĂ©oplatonicienne, alors qu’une Ă©ducation chrĂ©tienne trop sĂ©vĂšre lui fait prendre cette religion en horreur. Excellent guerrier, il Ă©crase les Alamans hordes germaniques Ă  Strasbourg 357 et ses soldats le proclament empereur. La mort de son cousin fait de lui le seul maĂźtre de l’Empire, en 361. Il se rallie les hĂ©rĂ©tiques et s’efforce de rĂ©tablir les anciens cultes paĂŻens, d’oĂč son surnom d’Apostat. En guerre contre les Parthes maĂźtres de l’ancien Empire perse et en pleine dĂ©bĂącle de l’ennemi, Julien est atteint par un javelot. Il se croit frappĂ© par une main invisible le GalilĂ©en JĂ©sus le chĂątie pour avoir reniĂ© le christianisme. Hormis ce rĂšgne bref, l’évangĂ©lisation des villes, puis des campagnes, se poursuit. Laissez-moi, je mourrai bien sans vos remĂšdes. » CHARLEMAGNE 742-814 Ă  ses mĂ©decins. Petit dictionnaire des phrases qui ont fait l’histoire 2005, Gilles Henry. Selon le docteur Augustin CabanĂšs, historien de la mĂ©decine française, il meurt d’une pneumonie aigĂŒe. PassionnĂ© par les sciences, il comblait d’honneurs tous ceux qui la professaient. Mais sentant venir la fin, il eut ce mot de sagesse et cette rĂ©action humaine qui se retrouvera au fil des siĂšcles dans la bouche des plus grands noms. C’est le moment. JĂ©sus ! JĂ©sus ! » CHARLES QUINT 1500-1558. Last Words, Last Words
 Out ! 2020, Miguel HĂ©ritier de l’Espagne et de son empire colonial, des dix-sept provinces des Pays-Bas, du royaume de Naples, des possessions autrichiennes, et Ă©lu empereur des Romains en 1519, il est le monarque le plus puissant de la premiĂšre moitiĂ© du XVIe siĂšcle. Dernier empereur germanique Ă  souhaiter rĂ©aliser le rĂȘve poursuivi par Charlemagne d’un empire prenant la tĂȘte de la chrĂ©tientĂ©, avec cette volontĂ© d’unitĂ© chrĂ©tienne face Ă  la progression de l’Empire ottoman dans les Balkans et en MĂ©diterranĂ©e. Au terme d’une vie de combats, minĂ© et dĂ©sabusĂ© par ses Ă©checs face Ă  la France, aux luthĂ©riens et Ă  sa propre famille, il se dĂ©pouille progressivement de ses pouvoirs. Par une sĂ©rie de conventions avec son frĂšre Ferdinand, il lui cĂšde les États autrichiens et la dignitĂ© impĂ©riale. Il se retire le 3 fĂ©vrier 1557 dans le monastĂšre dĂ©diĂ© Ă  Saint JĂ©rĂŽme de Yuste, dans une petite maison amĂ©nagĂ©e pour lui ; il y meurt le 21 septembre 1558, Ă  l’ñge de 58 ans, de la malaria maladie endĂ©mique dans la rĂ©gion jusqu’en 1960. France
 ArmĂ©e
 JosĂ©phine. » NAPOLÉON 1769-1821. HĂ©ritages. La culture pour les jeune et par les jeunes. NapolĂ©on se trouve en exil Ă  Sainte-HĂ©lĂšne depuis Waterloo et la seconde abdication en 1815, dans des conditions morales et matĂ©rielles de plus en plus insupportables Ă  cet homme d’action. Il tombe gravement malade Ă  partir du mois de mars 1821 fortes douleurs Ă  l’estomac comme son pĂšre sans doute mort d’un cancer, fiĂšvre, dĂ©lires et difficultĂ©s d’élocution. Il peine Ă  se lever encore
 DĂ©but mai, trĂšs affaibli par des traitements Ă  base de mercure prescrit par Antommarchi, son mĂ©decin, il entre en agonie. Les symptĂŽmes s’aggravent et le 4 mai au soir, l’Empereur tombe dans un Ă©tat proche du coma. Il prononce alors ses trois mots. Rien de surprenant ils reflĂštent la triple obsession de ce personnage hors du commun, le plus cĂ©lĂšbre au monde aprĂšs trilogie citĂ©e par Paul Morand dans L’Art de mourir 1932 Mon fils 
 l’armĂ©e 
 Desaix ». N’est-ce pas que nous n’avons pas Ă©tĂ© lĂąches Ă  Sedan ? », NAPOLÉON III 1808-1873 Ă  son mĂ©decin Henri Conneau. NapolĂ©on III 2013 Éric Anceau. Obsession de NapolĂ©on le Petit » ainsi surnommĂ© par Hugo dans son pamphlet suite au coup d’État du 2 dĂ©cembre 1851 et question posĂ©e jusqu’à sa derniĂšre heure par le Sire de Fish-ton-Kan » cruellement brocardĂ© par la rue qui chante sa dĂ©faite, en septembre 1870. EncerclĂ© Ă  la tĂȘte de l’armĂ©e par les Prussiens Ă  Sedan et vu le dĂ©sĂ©quilibre des forces, l’empereur veut Ă©viter la boucherie estimĂ©e Ă  60 000 morts et dĂ©clare le 1er septembre 1870 Je sais le dĂ©sastre. L’armĂ©e s’est sacrifiĂ©e. C’est Ă  mon tour de m’immoler. Je suis rĂ©solu Ă  demander un armistice. » La capitulation est signĂ©e dans la nuit. Conditions terribles toute l’armĂ©e de Sedan sera internĂ©e en Allemagne, y compris l’empereur, dĂ©sormais prisonnier. Apprenant la nouvelle, Paris se soulĂšve, le 4. Le rĂ©gime s’effondre et la RĂ©publique est ajouter que NapolĂ©on III avait voulu se battre malgrĂ© la trĂšs douloureuse maladie de la pierre calculs de la vessie dont il meurt trois ans plus tard. MOURIR EN ROI et REINE JĂ©rusalem. » LOUIS IX 1214-1270, mourant le 25 aoĂ»t 1270, devant Tunis Le fidĂšle Joinville n’est pas de cette derniĂšre aventure, ayant tentĂ© de dissuader le roi de partir avec ses trois fils, persuadĂ© qu’il est plus utile en France, Ă  ses sujets. Le roi n’écoute pas son ami et conseiller, il s’embarque le 1er juillet 1270, dĂ©jĂ  malade, pour la huitiĂšme et derniĂšre croisade, dans l’espoir de convertir le sultan de Tunisie. Le futur Saint Louis meurt Ă  56 ans. On ne trouve pas plus chrĂ©tien, dans le genre souverain. Pesez, Louis, pesez ce que c’est que d’ĂȘtre roi de France. » PHILIPPE IV le Bel 1268-1314 Ă  son fils aĂźnĂ© Louis, le jour de sa mort, 29 novembre 1314. La Nouvelle Revue des deux mondes 1973. C’est le mot de la fin » politique du dernier grand CapĂ©tien. Certes impopulaire de son vivant et mal aimĂ© de certains historiens, il a fait faire des progrĂšs dĂ©cisifs Ă  la royautĂ© diversification des organes de gouvernement Parlement, Chambre des comptes, etc., grandes ordonnances de rĂ©formation » du royaume, raffermissement de l’État contre la fĂ©odalitĂ©, lutte contre la justice ecclĂ©siastique et indispensable centralisation. La France est Ă  prĂ©sent le pays le plus riche et le plus peuplĂ© d’Europe. Son fils va devenir Louis X le Hutin, dit aussi le Querelleur ». Suivant l’exemple de rapacitĂ© de son pĂšre, il dĂ©pouille les juifs et les banquiers lombards, et vend des chartes d’affranchissement aux serfs. Fi de la vie ! Qu’on ne m’en parle plus ! » MARGUERITE d’ÉCOSSE 1425-1444. Dictionnaire LittrĂ©. Le futur Louis XI avait 13 ans, elle 11 et ils Ă©taient dĂ©jĂ  prĂ©destinĂ©s Ă  se marier depuis cinq ans – elle Ă©tait fille de Jacques Ier d’Écosse et en termes de gĂ©opolitique, c’était important aprĂšs la terrible guerre de Cent Ans entre les deux pays. Mais le dauphin, homme austĂšre bientĂŽt surnommĂ© l’universelle aragne, la rendra tellement malheureuse que, mourant Ă  20 ans, la dauphine dĂ©sabusĂ©e soupira ces ultimes paroles. Je loue mon Dieu et le remercie de ce qu’il lui plaĂźt que le plus grand pĂ©cheur du monde meure le jour de la fĂȘte de la pĂ©cheresse. » CHARLES VII 1403-1461, mot de la fin doublement chrĂ©tien du roi mourant le jour de la sainte Madeleine, 22 juillet 1461. La piĂ©tĂ© va de pair avec la royautĂ©. PĂ©cheur, certes aprĂšs la mort d’AgnĂšs Sorel, la Dame de BeautĂ©, premiĂšre d’une longue liste de favorites officielles des rois de France, ce roi, bien que maladif, vivait entourĂ© d’un essaim de femmes faciles. Il est vrai que Charles avait Ă©tĂ© si mal aimĂ© de sa mĂšre Isabeau de BaviĂšre, si malheureux, si mĂ©prisĂ© au dĂ©but de sa vie ! Ce dauphin mĂ©diocre se rĂ©vĂ©la Ă  mi rĂšgne un bon roi libĂ©ration du territoire et reconquĂȘte d’une partie de la France sur les Anglais avec l’aide de Dieu et de Jeanne d’Arc, rĂ©organisation du royaume, crĂ©ation d’une armĂ©e permanente, rĂ©tablissement des finances et de la monnaie avec levĂ©e d’impĂŽts rĂ©guliers. Son fils Louis XI va continuer sur sa lancĂ©e extension de la maison France et abaissement des grands fĂ©odaux. Dernier roi du Moyen Âge - grand roi et trĂšs pieux. Mignonne, je vous donne ma mort pour vos Ă©trennes. » LOUIS XII 1462-1515 Ă  sa trop jeune Ă©pouse Marie d’Angleterre. Actes et Paroles, Pendant l’exil 1864, Victor Hugo. Le roi mourut de trop aimer sa femme, comme plus tard François II, doucement tuĂ©s l’un et l’autre par une Marie. Cette idylle fut brĂšve. Le 1er janvier 1515, aprĂšs quatre-vingt-trois jours ou plutĂŽt quatre-vingt-trois nuits de mariage, Louis XII expira, et comme c’était le jour de l’an, il dit Ă  sa femme
 » Et Louis XII, 52 ans, surnommĂ© le PĂšre du peuple ». cĂšde la place Ă  son gendre et successeur, François Ier Ă  qui il a fiancĂ© sa fille Claude. La jeune veuve n’avait pas vingt ans. AprĂšs un second mariage avec un favori de frĂšre Henri VIII, elle meurt Ă  33 ans. Cette Marie Tudor de la maison Tudor ne doit pas ĂȘtre confondue avec l’autre, surnommĂ©e Marie la Sanglante ». Si l’on ouvrait mon cƓur, on y trouverait gravĂ© le nom de Calais. » Marie TUDOR 1516-1558. Histoire de France depuis les temps les plus reculĂ©s jusqu’en 1789 1844, Henri Martin. Femme dans son expression, et reine d’Angleterre, elle mourra, dit-on, du chagrin causĂ© par la perte de Calais, seule place restĂ©e anglaise en France Ă  la fin de la guerre de Cent Ans. SauvĂ©e du massacre par les cĂ©lĂšbres bourgeois de Calais
 et par Philippine, la reine d’Angleterre 1347, cette ville fut quelque peu oubliĂ©e par les rois de France, davantage intĂ©ressĂ©s par la fascinante Italie. Mais François de Guise le BalafrĂ©, nommĂ© lieutenant gĂ©nĂ©ral du royaume par François Ier, a repris Calais aux Anglais le 13 janvier 1558, aprĂšs un siĂšge trĂšs bref six jours et malgrĂ© les renforts envoyĂ©s par Marie Tudor. La perte de cette ville rend encore plus impopulaire Marie la Catholique, dite aussi la Sanglante pour avoir persĂ©cutĂ© les protestants anglais. La reine meurt au terme d’une longue agonie, cƓur brisĂ© d’avoir perdu Calais, certes, mais aussi le roi Philippe II qui s’est Ă©loignĂ© d’elle pour retourner en Espagne, aprĂšs un an de mariage. Vit-on jamais roi de France ou d’Angleterre mourir d’amour
 ? Que mon peuple persiste et demeure ferme en la foi en laquelle je meurs. » HENRI II 1519-1559, le 10 juillet 1559, au terme d’une terrible agonie. Henri II, roi gentilhomme 2007, Georges Bordonove. Le roi meurt des suites d’un accident de tournoi – blessure Ă  l’Ɠil, coup de lance donnĂ© par le comte de Montgomery, capitaine des gardes et rĂ©gicide involontaire. Nostradamus qui a prĂ©dit ce malheur devient astrologue de la cour. AprĂšs dix jours d’atroces souffrances et malgrĂ© tous les soins du cĂ©lĂšbre Ambroise ParĂ©, ce grand roi meurt en s’affichant comme chrĂ©tien, peu avant que la France ne se dĂ©chire en huit guerres de Religion 1562 Ă  1598. Il laisse trois fils qui n’auront jamais son autoritĂ©, et d’abord l’aĂźnĂ© François II, 15 ans. Le jeune prince confie le gouvernement Ă  sa mĂšre Catherine de MĂ©dicis elle donne le pouvoir Ă  ses oncles, les Guise. Sous l’influence de cette famille trĂšs catholique, la guerre aux protestants sera tragique. Charles IX, prĂšs de sa fin, restant longtemps sans sonner mot, dit en se tournant, comme s’il se fĂ»t rĂ©veillĂ© — Appelez-moi mon frĂšre !La reine mĂšre envoie chercher le duc d’Alençon.— Non, madame, je veux le roi de Navarre ; c’est celui-lĂ  qui est mon frĂšre. » CHARLES IX 1550-1574, sur son lit de mort au chĂąteau de Vincennes, le 30 mai 1574. Mot de la fin. Histoire de France au seiziĂšme siĂšcle, La Ligue et Henri IV 1856, Jules Michelet. Charles IX prĂ©fĂšre son beau-frĂšre Henri de Navarre – le mari qu’il a voulu pour sa sƓur la reine Margot – Ă  son frĂšre de sang, le duc d’Alençon, quatriĂšme fils de Catherine de MĂ©dicis, atteint du mĂȘme mal qui emporte le jeune roi, deux ans aprĂšs la Saint-BarthĂ©lemy. Ah ! le mĂ©chant moine, il m’a tuĂ©, qu’on le tue ! » HENRI III 1551-1589, Saint-Cloud, 1er aoĂ»t 1589. MĂ©moires relatifs Ă  l’histoire de France, Journal de Henri III posthume, Pierre de l’Estoile. Dominicain de 22 ans, ligueur fanatique, Jacques ClĂ©ment prĂ©parait son geste le complot est connu, approuvĂ© de nombreux catholiques et bĂ©ni par le pape Sixte Quint. Le moine rĂ©ussit Ă  approcher le roi – seul, sur sa chaise percĂ©e. La garde personnelle les Quarante-Cinq, alertĂ©e par les cris du roi poignardĂ©, transperce l’assassin Ă  coups d’épĂ©e dĂ©fenestrĂ©, le corps est sitĂŽt tirĂ© par quatre chevaux, Ă©cartelĂ©, et brĂ»lĂ© sur le bĂ»cher, pour rĂ©gicide. La scĂšne se rejouera avec Ravaillac et Henri IV. Seul Henri de Navarre a droit au trĂŽne, et il est d’un caractĂšre trop sincĂšre et trop noble pour ne pas rentrer dans le sein de l’Église ; tĂŽt ou tard, il reviendra Ă  la vĂ©ritĂ©. » HENRI III 1551-1589, sur son lit de mort, second mot de la fin », 1er aoĂ»t 1589. Les Grandes conversions - La Conversion et l’abjuration d’Henri IV, roi de France et de Navarre 1938, Henri Gaubert. Le roi blessĂ© Ă  mort, transportĂ© sur son lit, met en garde son alliĂ© contre le danger qui le menace Ă  son tour, et le conjure de se convertir. Enfin et surtout, il trouve la force de dĂ©signer son successeur au trĂŽne et de le faire reconnaĂźtre face aux nobles prĂ©sents. En mĂȘme temps, il prophĂ©tise la conversion d’Henri de Navarre. De tous les mots de la fin qui ponctuent l’histoire de France, celui d’Henri III a une portĂ©e doublement remarquable. Le roi meurt le lendemain fin de la dynastie des Valois au pouvoir depuis 1328, et place Ă  la dynastie des Bourbons. Ma fortune pour un instant de plus. » ÉLISABETH Ier d’Angleterre 1533-1603. Dictionnaire des derniĂšres paroles 2004, Michel Gaillard. Mot de la fin shakespearien qui renvoie Ă  Richard III Mon royaume pour un cheval », quand le roi perd son cheval sur le champ de bataille et en demande un autre contre toutes ses possessions. L’Angleterre vit un Ăąge d’or » sous Élisabeth la Reine vierge », fille d’Henri VIII et dernier membre de la dynastie des Tudor rayonnement du théùtre anglais Shakespeare et Marlowe et de l’architecture, installation de colonies dans le Nouveau Monde. Personnage Ă©minemment théùtral et fascinante par ses mystĂšres, elle meurt Ă  69 ans aprĂšs 44 ans de rĂšgne et laisse place Ă  la dynastie des Tudor. Ce n’est rien. » HENRI IV 1553-1610, 14 mai 1610. Histoire du rĂšgne de Henri IV 1862, Auguste Poirson. Mot de la fin minimal et paradoxal. Il vient d’ĂȘtre poignardĂ© par Ravaillac l’homme a sautĂ© dans le carrosse bloquĂ© par un encombrement, rue de la Ferronnerie, alors que le roi se rendait Ă  l’Arsenal, chez Sully son ministre et ami, souffrant. Le blessĂ© a tressailli sous le coup, et redit Ce n’est rien », avant de mourir. Le rĂ©gicide sera Ă©cartelĂ©, aprĂšs avoir Ă©tĂ© torturĂ© il affirma avoir agi seul. Sully, dans ses MĂ©moires, n’y croit pas. Tous les complots et attentats contre les rois de l’époque s’inspirent de la thĂ©orie du tyrannicide Nulle victime n’est plus agrĂ©able Ă  Dieu qu’un tyran. » Jean Gerson Comment vous appelez-vous Ă  prĂ©sent ? — Louis XIV, mon papa.— Pas encore, mon fils, pas encore, mais ce sera peut-ĂȘtre pour bientĂŽt. » LOUIS XIII 1601-1643, au futur roi qui n’a pas 5 ans, 21 avril 1643. Archives curieuses de l’histoire de France, depuis Louis XI jusqu’à Louis XVIII 1837, FĂ©lix Danjou. À peine ĂągĂ© de 40 ans, le roi n’a plus deux mois Ă  vivre. Mais sa piĂ©tĂ© lui enlĂšve toute crainte. C’est un fait assez rare dans l’histoire et son fils, l’heure et le jour venus en 1715, fera preuve du mĂȘme courage, avec une Ă©nergie incomparable. C’est par votre ignorance, l’état oĂč je suis maintenant. ».. LOUIS XIII 1601-1643, Ă  son mĂ©decin, 9 mai 1643. Les Deux Morts de Louis XIII 2008, CĂ©dric Coraillon. AprĂšs six semaines de coliques et de vomissements longtemps assimilĂ©s Ă  une tuberculose et aujourd’hui identifiĂ©s Ă  la maladie de Crohn, il meurt le 14 mai, jour anniversaire de l’assassinat de son pĂšre Henri IV, et donc de son propre avĂšnement. Louis XIII le Juste est le dernier roi de France que le peuple va pleurer. La plus Ă©clatante victoire coĂ»te trop cher, quand il faut la payer du sang de ses sujets. » LOUIS XIV 1638-1715, Lettre Ă  l’intention du Dauphin, aoĂ»t 1715. Louis XIV 1923, Louis Bertrand. Aveu d’un roi qui a passionnĂ©ment aimĂ© la guerre et s’en repent trĂšs sincĂšrement. Écrite peu de jours avant sa mort, la lettre est confiĂ©e au marĂ©chal de Villeroi son ami de toujours, pour ĂȘtre remise Ă  Louis XV Ă  ses 17 ans. Cet arriĂšre-petit-fils n’a que 5 ans, seul hĂ©ritier survivant aprĂšs l’hĂ©catombe familiale, ultime malĂ©diction de cette triste fin de rĂšgne. Quoi Madame, vous vous affligez de me voir en Ă©tat de bientĂŽt mourir ? N’ai-je pas assez vĂ©cu ? M’avez-vous cru immortel ? » LOUIS XIV 1638-1715, Ă  Mme de Maintenon, 25 aoĂ»t 1715. La SantĂ© de Louis XIV 2007, Stanis Perez. La santĂ© du roi dĂ©cline rapidement et Fagon, son mĂ©decin personnel, semble le seul Ă  ne pas le voir ! La cour et l’Europe guettent. Louis XIV, Ă  presque 77 ans, malgrĂ© une ancienne goutte et une rĂ©cente gangrĂšne Ă  la jambe, fait jusqu’au bout son mĂ©tier de roi et les gestes de l’étiquette. Ses mots de la fin » vont se succĂ©der, parfaitement documentĂ©s, pieusement recueillis par ses proches, se succĂ©dant au jour le jour. Mon enfant, vous allez ĂȘtre un grand roi. Ne m’imitez pas dans le goĂ»t que j’ai eu pour les bĂątiments ni dans celui que j’ai eu pour la guerre. TĂąchez de soulager vos peuples, ce que je suis malheureux pour n’avoir pu faire. » LOUIS XIV 1638-1715, au futur Louis XV, 26 aoĂ»t 1715. MĂ©moires posthume, Saint-Simon. Le roi reçoit le petit Dauphin dans sa chambre. Il lui donne une ultime leçon. Le marquis de Dangeau, mĂ©morialiste, nous a laissĂ© un Journal de la cour de Louis XIV qui retrace avec minutie les derniers jours. Roi TrĂšs ChrĂ©tien, Louis XIV fait preuve d’autant de dignitĂ© que d’humilitĂ©. La guerre, entreprise et soutenue par souci de grandeur mais aussi par vanitĂ©, cause de la ruine des peuples, semble ĂȘtre son grand remords. Je m’en vais, Messieurs, mais l’État demeurera toujours. » LOUIS XIV 1638-1715, Ă  ses courtisans les plus proches, 26 aoĂ»t 1715. Louis XIV, son gouvernement et ses relations diplomatiques avec l’Europe 1842, Jean Baptiste HonorĂ© Raymond Capefigue. Le roi les remercie de leurs services et s’inquiĂšte de ce qu’il adviendra aprĂšs lui. Il leur recommande de servir le Dauphin C’est un enfant de cinq ans, qui peut essuyer bien des traverses, car je me souviens d’en avoir beaucoup essuyĂ© pendant mon jeune Ăąge. » Il leur demande enfin d’ĂȘtre tous unis et d’accord ; c’est l’union et la force d’un État ». Message historique et politiquement toujours valable ! Mon neveu, je vous fais RĂ©gent du royaume. Vous allez voir un roi dans le tombeau et un autre dans le berceau. Souvenez-vous toujours de la mĂ©moire de l’un et des intĂ©rĂȘts de l’autre. » LOUIS XIV 1638-1715, Ă  Philippe d’OrlĂ©ans, Testament, 1715. Histoire de la RĂ©gence pendant la minoritĂ© de Louis XV, volume I 1922, Henri Leclercq. Le texte sera lu au lendemain de sa mort. Le roi a instituĂ© un Conseil de rĂ©gence dont le RĂ©gent en titre est prĂ©sident, la rĂ©alitĂ© du pouvoir allant au duc du Maine fils lĂ©gitimĂ© de Mme de Maintenon. Son neveu, dont il se mĂ©fie non sans raison, ne s’en satisfera pas et le roi mourant a peu d’illusion sur l’avenir de ses derniĂšres volontĂ©s royales. J’ai toujours ouĂŻ dire qu’il est difficile de mourir ; pour moi qui suis sur le point de ce moment si redoutable aux hommes, je ne trouve pas que cela soit difficile. » LOUIS XIV 1638-1715, Ă  Mme de Maintenon, 28 aoĂ»t 1715. Son mot de la fin. Archives curieuses de l’histoire de France depuis Louis XI jusqu’à Louis XVIII 1840, L. Cimber. AprĂšs le Roi, c’est l’homme qui s’exprime en mĂȘme temps que le chrĂ©tien. Ce sont les derniĂšres paroles rapportĂ©es. Il mourra le 1er septembre. La grandeur du roi face Ă  l’adversitĂ© dans les derniĂšres annĂ©es et la dignitĂ© de l’homme devant la mort jusqu’aux derniĂšres heures frappent mĂȘme ses ennemis les plus intimes Saint-Simon saluera cette fermetĂ© d’ñme, cette Ă©galitĂ© extĂ©rieure, cette espĂ©rance contre toute espĂ©rance, par courage, par sagesse, non par aveuglement ». Jamais je ne me suis senti mieux, ni plus tranquille. » LOUIS XV 1710-1774. Last Words, Last Words
 Out ! 2020, Miguel Quelque maladie qu’aient les princes, jamais ceux qui les entourent, ni les mĂ©decins, ne conviennent qu’ils soient mal que lorsqu’ils sont morts. La flatterie et la politique les conduisent jusqu’au tombeau. » Ă©crit le Baron de BesenvaL dans ses MĂ©moires posthume, 1805. Tout s’est passĂ© comme Ă  la mort de Louis XIV. On cache au roi la gravitĂ© de son mal – la petite vĂ©role variole. Il est d’autant plus crĂ©dule qu’il croit l’avoir dĂ©jĂ  eue et sa peur du diable lui fait Ă©carter l’idĂ©e mĂȘme de la mort. AprĂšs une semaine d’atroces souffrances supportĂ©es avec le plus grand courage, la bougie allumĂ©e sur le rebord du balcon royal Ă  Versailles est soufflĂ©e par son valet le roi est mort, le 10 mai 1774. Ami des propos libertins, / Buveur fameux, et roi cĂ©lĂšbre / Par la chasse et par les catins VoilĂ  ton oraison funĂšbre. » Le peuple chante Ă  la mort du Bien AimĂ© qui a fini par se faire haĂŻr. On l’enterra promptement et sans la moindre escorte ; son corps passa vers minuit par le bois de Boulogne pour aller Ă  Saint-Denis. À son passage, des cris de dĂ©rision ont Ă©tĂ© entendus on rĂ©pĂ©tait taĂŻaut ! taĂŻaut ! » comme lorsqu’on voit un cerf et sur le ton ridicule dont il avait coutume de le prononcer » Lettre de la comtesse de Boufflers. La RĂ©volution approche et Louis XVI sera bientĂŽt guillotinĂ©. Peuple, je meurs innocent ! » LOUIS XVI 1754-1793, Ă  la foule, place de la RĂ©volution Ă  Paris aujourd’hui place de la Concorde, 21 janvier 1793. Mot de la fin, citĂ© dans les MĂ©moires d’outre-tombe posthume de Chateaubriand. Au terme d’un procĂšs perdu d’avance, payant pour tous les crimes de l’Ancien RĂ©gime, le roi est guillotinĂ©. Seul exemple avant lui, Charles Ier d’Angleterre, Ă©galement victime de sa faiblesse face aux rĂ©volutionnaires de Cromwell 1649. Le roulement de tambours de la garde nationale interrompt la suite de sa proclamation, entendue seulement par le bourreau Sanson et ses aides. La scĂšne sera maintes fois reproduite en gravures et tableaux, avec le bourreau qui brandit la tĂȘte du roi, face au peuple amassĂ©. L’importance de l’évĂ©nement est telle pour les Français que l’imagination populaire et historienne se donnera libre cours. Je pardonne aux auteurs de ma mort. Je prie Dieu que le sang que vous allez rĂ©pandre ne retombe jamais sur la France. » LOUIS XVI 1754-1793, au bourreau Sanson et Ă  ses aides, 21 janvier 1793. Les essentiels. Autre mot de la fin attribuĂ© au roi Je souhaite que mon sang puisse cimenter le bonheur des Français. » Et encore Dieu veuille que ce sang ne retombe pas sur la France. » Cela relĂšve de la belle mort » pour nourrir la lĂ©gende, réécrite en une citation apocryphe et conforme Ă  l’esprit de cet acte Ă  jamais mĂ©morable. Dans la rĂ©alitĂ©, on lui a coupĂ© la parole avant de lui couper la tĂȘte et le roi n’a pu dire que ces quatre mots Peuple, je meurs innocent. » Reste un fait avĂ©rĂ©. Louis XVI, tout au long de sa vie, eut une obsession louable et rare chez un roi ne pas faire couler le sang des Français. Pardonnez-moi, Monsieur le bourreau, je ne l’ai pas fait exprĂšs. » MARIE-ANTOINETTE 1755-1793 Ă  Sanson, 16 octobre 1793. Autoportrait Ă  la guillotine 2018, Christophe Bigot. Au pied de la guillotine, les derniĂšres paroles de Marie-Antoinette sont pour le bourreau qu’elle a heurtĂ©, dans un geste de recul mot de la fin sans doute authentique, trop anodin pour devenir citation, mais quand il s’agit de la derniĂšre reine de France. La scĂšne a Ă©tĂ© minutieusement relatĂ©e descendant d’un bond de la charrette, Marie-Antoinette est sans doute pressĂ©e d’en finir. Elle gravit si vite le petit escalier en bois menant Ă  l’échafaud qu’elle en perd son soulier couleur prune et marche sur le pied du bourreau Sanson. Autre version Monsieur, je vous demande excuse. Je ne l’ai pas fait exprĂšs »  avant de se laisser attacher sur la machine de mort. Mais certains historiens avancent un autre mot de la fin Adieu mes enfants, je vais rejoindre votre pĂšre. » MOURIR EN CHRÉTIEN Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonnĂ© ? » JÉSUS 7/5 av. 30 ou 33 mourant sur la Croix. Évangile de Matthieu et Évangile de Marc. Autres mots de la fin PĂšre, je remets mon esprit entre tes mains » Évangile de Luc et Tout est consommĂ© » aussi traduit par Tout est accompli » Évangile de Jean. Pour moi, je suis tous les jours avec vous jusqu’à la fin du monde. » JÉSUS 7/5 av. 30 ou 33 ressuscitĂ© juste avant l’Ascension. Évangile de Matthieu. Et dans les Actes des ApĂŽtres Il ne vous appartient pas de connaĂźtre les temps et les moments que le PĂšre a fixĂ©s de sa propre autoritĂ©. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes tĂ©moins Ă  JĂ©rusalem, dans toute la JudĂ©e et la Samarie, et jusqu’aux extrĂ©mitĂ©s de la terre. » Rappelons la dĂ©finition d’AndrĂ© Malraux dans l’Espoir 1937 Et le Christ ? — C’est un anarchiste qui a rĂ©ussi. C’est le seul. » Sous le rĂšgne de TibĂšre vit en GalilĂ©e un homme dont les enseignements vont bouleverser l’histoire du monde. De sa mort sur la croix va naĂźtre une religion qui lentement s’étendra sur l’Empire. Pour les Romains, les premiers chrĂ©tiens ne sont qu’une secte juive, dont le fondateur passe pour un agitateur politique. Pour les chrĂ©tiens, il est Dieu, fils de Dieu, ce Dieu Ă©tant un dieu unique, comme celui qu’adorent les juifs. La rĂ©ussite de l’ anarchiste » qui termina sa vie comme un criminel mis en croix entre deux larrons » est due Ă  ses disciples et plus particuliĂšrement Ă  Paul de Tarse il fera du message de JĂ©sus une religion Ă  vocation universelle. La Gaule sera tardivement acquise l’évangĂ©lisation des villes, puis des campagnes, ne se fera qu’au ive siĂšcle, le christianisme devenant religion d’État en 391. J’ai aimĂ© la justice et dĂ©testĂ© l’iniquitĂ©, je meurs donc dans l’exil. » GRÉGOIRE VII 1015/20-1085. Last Words, Last Words
 Out ! 2020 Miguel C’est le principal artisan de la rĂ©forme grĂ©gorienne, en tant que conseiller du pape LĂ©on IX et de ses successeurs, puis sous son propre pontificat. Cette rĂ©forme de l’Église entend purifier les mƓurs du clergĂ© obligation du cĂ©libat des prĂȘtres, lutte contre diverses formes d’hĂ©rĂ©sie, le trafic des bĂ©nĂ©fices et notamment des Ă©vĂȘchĂ©s, d’oĂč un conflit majeur avec l’empereur Henri IV. Celui-ci considĂšre comme relevant de son pouvoir de donner l’investiture aux Ă©vĂȘques. Au cours de la querelle des Investitures, GrĂ©goire VII oblige l’empereur excommuniĂ© Ă  faire une humiliante dĂ©marche de pĂ©nitence. Mais cet Ă©pisode ne suffit pas Ă  rĂ©gler le conflit et Henri reprend l’avantage en assiĂ©geant le pape rĂ©fugiĂ© au chĂąteau Saint-Ange. LibĂ©rĂ© par les Normands, le pape est chassĂ© de Rome par la population, excĂ©dĂ©e par les excĂšs de ses alliĂ©s. GrĂ©goire VII meurt en exil, Ă  Salerne, le 25 mai 1085. Il est considĂ©rĂ© comme saint. Je me suis dĂ©jĂ  rendu au Christ. À Dieu ne plaise que je [me] rende maintenant Ă  ses ennemis. » Un chevalier croisĂ©, vers 1212. Histoire albigeoise l’Église et l’État au Moyen Âge posthume, Pierre des Vaux-de-Cernay, moine et historien contemporain. Surpris par les hommes du comte de Foix dĂ©finitivement acquis aux cathares et assailli de toute part, le chevalier rĂ©pond par ces mots et meurt, percĂ© de coups. La croisade contre les Albigeois continue, menĂ©e par Simon de Montfort, guerrier hors pair. Venu comme la plupart du nord de la France famille de barons de Montfort-l’Amaury, il s’est engagĂ© autant par conviction religieuse que par esprit de conquĂȘte, un fief Ă©tant toujours bon Ă  prendre. Je vois mon Seigneur, Il m’appelle Ă  Lui. » Saint ANTOINE de PADOUE 1195-1231. Saint Antoine de Padoue 2017, Valentin Strappazzon Antoine de Padoue reste l’un des sains les plus populaires. Natif de Lisbonne, passĂ© par Rome, il a parcouru la MĂ©diterranĂ©e et l’Europe au XIIIe siĂšcle. Modeste frĂšre mendiant remarquĂ© par François d’Assise et dont le pape GrĂ©goire IX quĂȘte le conseil, prĂ©dicateur puissant et intellectuel ouvert aux idĂ©es neuves, Ă©vangĂ©lisateur inspirĂ© en mĂȘme temps que mystique contemplatif, c’est un personnage hors norme, comme l’Histoire en donne nombre d’exemples. Lors d’un repas, vendredi 13 juin 1231, victime d’un infarctus, Antoine veut regagner sa communautĂ© de Padoue. Le voyage Ă  dos de bƓufs l’épuise et le cortĂšge s’arrĂȘte aux portes de la ville dans une petite Ă©glise. L’ñme d’Antoine est absorbĂ©e dans l’abĂźme de la lumiĂšre », Ă©crit son dernier biographe, le PĂšre Strappazzon. AprĂšs des annĂ©es de prĂ©dication harassante, ce fervent disciple du futur saint François part l’ñme en paix pour rejoindre son CrĂ©ateur. La nouvelle se rĂ©pand aussitĂŽt, les enfants se prĂ©cipitent en criant Le pĂšre saint est mort; saint Antoine est mort ». Toute la population le pleura, raconte encore le PĂšre Strappazzon. DĂšs le jour de sa mise en terre, les miracles se multiplient, renforçant sa rĂ©putation de saintetĂ©. Conscient de la nature exceptionnelle de l’homme, le pape GrĂ©goire IX le canonise le 30 mai 1232, soit prĂ©cisĂ©ment 352 jours aprĂšs sa mort. On raconte que les cloches de Lisbonne ont sonnĂ© miraculeusement ce jour-lĂ , cĂ©lĂ©brant les retrouvailles d’Antoine avec son Sauveur. Les corps sont au roi de France, mais les Ăąmes sont Ă  Dieu ! » Cris des Templiers brĂ»lĂ©s vifs dans l’ülot aux Juifs, 19 mars 1314. Les Templiers 2004, StĂ©phane Ingrand. Cet Ăźlot, Ă  la pointe de l’üle de la CitĂ©, doit son nom aux nombreux juifs qui ont subi le supplice du bĂ»cher. Le peuple est friand de ce genre de spectacle, et les Templiers attirent la foule des grands jours. Cette citation entre dans une catĂ©gorie peu fournie mot de la fin collectif ». Ils sont une trentaine de Templiers Ă  rejoindre dans le supplice les deux principaux dignitaires, Jacques de Molay, le grand maĂźtre de l’Ordre, et Geoffroy de Charnay, le prĂ©cepteur aprĂšs quatre ans de prison et de silence, ils ont proclamĂ© leur innocence et dĂ©noncĂ© la calomnie, Ă  la lecture publique de l’ultime sentence du 19 mars, sur le parvis de Notre-Dame, face Ă  la foule amassĂ©e. C’est comme si le courage leur revenait soudain. AprĂšs sept ans d’ affaire des Templiers », le roi qui veut en finir a ordonnĂ© l’exĂ©cution groupĂ©e des plus suspects », le soir mĂȘme. ClĂ©ment, juge inique et cruel bourreau, je t’ajourne Ă  comparaĂźtre dans quarante jours devant le tribunal du souverain juge. » Jacques de MOLAY vers 1244-1314, sur le bĂ»cher dans l’ülot aux Juifs, Ăźle de la CitĂ© Ă  Paris, 19 mars 1314. Histoire de l’Église de France composĂ©e sur les documents originaux et authentiques, tome VI 1856, abbĂ© GuettĂ©e. DerniĂšres paroles attribuĂ©es au grand maĂźtre des Templiers. Ce mot de la fin » est l’un des plus cĂ©lĂšbres de l’histoire, pour diverses raisons. Quarante jours plus tard, le 20 avril, ClĂ©ment V meurt d’étouffement, seul dans sa chambre Ă  Avignon, comme aucun pape avant lui, ni version de la malĂ©diction, tirĂ©e de la saga des Rois maudits de Maurice Druon et du feuilleton tĂ©lĂ©visĂ© de Claude Barma qui popularisa l’affaire des Templiers au XXe siĂšcle Pape ClĂ©ment ! Chevalier Guillaume ! Roi Philippe ! Avant un an, je vous cite Ă  comparaĂźtre au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste chĂątiment ! Maudits ! Maudits ! Tous maudits jusqu’à la treiziĂšme gĂ©nĂ©ration de vos races ! » Nogaret est dĂ©jĂ  mort, il y a un an, et il peut s’agir d’un autre Guillaume. Mais le pape va mourir dans le dĂ©lai imparti, comme Philippe le Bel, suite Ă  une chute de cheval Ă  la chasse blessure infectĂ©e, ou accident cĂ©rĂ©bral. Plus troublant, le nombre de drames qui frapperont la descendance royale en quinze ans, au point d’ébranler la dynastie capĂ©tienne assassinats, scandales, procĂšs, morts subites, dĂ©sastres militaires. Quant Ă  la treiziĂšme gĂ©nĂ©ration
 cela tombe sur Louis XVI, le roi de France guillotinĂ© sous la RĂ©volution. On ne fera pas un paradis exprĂšs pour moi. »; François de MALHERBE 1555-1628. Les Historiettes, tome I, posthume 1834, Tallemant des RĂ©aux. PoĂšte pensionnĂ© par Henri IV, puis Marie de MĂ©dicis et Richelieu, il versifie avec plus de conscience professionnelle que de gĂ©nie, passant du baroque au classique pour s’adapter Ă  la mode, mais encensĂ© par les thĂ©oriciens et par Boileau Enfin Malherbe vint. » Il part au mois d’octobre 1628. Son confesseur, voyant que sa maladie Ă©tait sans doute mortelle, le pressa de se confesser. Il se dĂ©roba poliment, arguant qu’il se confesserait Ă  la Toussaint, comme de coutume. Mais, monsieur, dit le confesseur, vous m’aviez toujours dit que vous vouliez faire comme les autres, en ce qui regarde le christianisme. Tous les bons chrĂ©tiens se confessent avant que de mourir. — Vous avez raison, reprit Malherbe, je veux donc aussi me confesser, je veux aller oĂč vont tous les autres, on ne fera pas un paradis exprĂšs pour moi, et il se confessa. » Extrait d’un manuscrit de l’époque. Que Dieu ne m’abandonne jamais ! » Blaise PASCAL 1623-1662 recevant la derniĂšre communion Ă  39 ans. Pascal 2016, Michel Schneider. On pourrait le classer parmi les auteurs ou les scientifiques dont nombreux moururent en chrĂ©tiens, mais Pascal a vĂ©cu en chrĂ©tien torturĂ© pour finir quasiment en saint ! C’est le surdouĂ© du siĂšcle. Mort Ă  39 ans, il eut tous les problĂšmes de santĂ© tuberculose, cancer Ă  l’estomac, lĂ©sions cĂ©rĂ©brales, insuffisances rĂ©nales rĂ©vĂ©lĂ©es Ă  l’autopsie, sans parler de tous les maux psychosomatiques rĂ©currents. Mais l’éternel souffrant refuse les ordonnances des mĂ©decins, affirmant que La maladie est l’état naturel du chrĂ©tien ». Enfant prĂ©coce, Ă©duquĂ© par son pĂšre, influencĂ© par Descartes et son Discours de la mĂ©thode 1637, il se passionne pour les sciences naturelles et appliquĂ©es. Physicien, il passe Ă  l’étude des fluides, thĂ©orise la mĂ©thode scientifique, invente la roue pascaline », premiĂšre machine Ă  calculer, aprĂšs trois ans de dĂ©veloppement et une cinquantaine de prototypes. MathĂ©maticien, il publie un traitĂ© de gĂ©omĂ©trie projective Ă  seize ans et initie le calcul des probabilitĂ©s qui influencera plus tard les thĂ©ories Ă©conomiques modernes et les sciences sociales. Ce qui ne l’empĂȘche pas de vivre ce qu’il appelle sa pĂ©riode mondaine » 1648-1654, de frĂ©quenter les salons et les libertins. En novembre 1654, une expĂ©rience mystique va bouleverser sa vie et sa sƓur, Jacqueline Pascal, Ăąme forte s’il en est, le convertit au jansĂ©nisme pratiquĂ© Ă  l’abbaye de Port-Royal et considĂ©rĂ© sous Louis XIV comme une hĂ©rĂ©sie Ă  combattre. Sans renoncer aux travaux scientifiques, Pascal le moraliste se consacre Ă  la rĂ©flexion philosophique et religieuse, Ă©crit Les Provinciales et une Ɠuvre thĂ©ologique majeure, Les PensĂ©es publications posthumes. Le 8 juillet 2017, le pape François annonce que Blaise Pascal mĂ©riterait la bĂ©atification » et envisage de lancer la procĂ©dure officielle entretien au quotidien italien La Repubblica. Dans un quart d’heure, j’en saurai bien long. » Madame de MAINTENON 1635-1719. Vie et caractĂšre de Madame de Maintenon d’aprĂšs les Ɠuvres du duc de Saint -Simon 1907, Édouard Pilastre Étonnant destin de Françoise d’AubignĂ©. NĂ©e dans une famille ultra protestante, elle a vĂ©cu dans la misĂšre, Ă©pousĂ© le poĂšte mondain Paul Scarron qui l’ achĂšte » et meurt en lui lĂ©guant de grosses dettes
 mais aussi une grande culture et de belles relations qui la mĂšnent Ă  la cour. Elle devient gouvernante des enfants bĂątards du roi et de sa maĂźtresse, Madame de Montespan. Convertie au catholicisme, elle Ă©pousera secrĂštement le roi Louis XIV et fera rĂ©gner Ă  la cour un climat trĂšs religieux qui convient au souverain vieillissant et de plus en plus chrĂ©tien, soumis dans une certaine mesure Ă  Madame de Maintenant » qu’il appelle aussi sainte Françoise. » Sa piĂ©tĂ© est Ă©vidente jusque dans l’intimitĂ© conjugale Quelle grĂące de faire par pure vertu ce que tant d’autres femmes font sans mĂ©rite et par passion ! » Paul Godet des Marais, Ă©vĂȘque de Chartres et directeur spirituel de la Maison de Saint-Cyr, confesseur de Mme de Maintenon, Ă  sa pĂ©nitente qui se plaint en 1704 de ce qu’il lui donne le bonsoir » jusqu’à deux fois par nuit elle a 70 ans, et lui 66. Au paradis, vite, vite, au grand galop ! » Madame Louise de FRANCE 1737-1787. Les mots de la fin ! - 200 adieux historiques 2017, Catherine Guennec. Louise-Marie de France, dite Madame Louise, Madame DerniĂšre ou Madame HuitiĂšme, derniĂšre-nĂ©e des enfants de Louis XV et Marie LeszczyƄska, est appelĂ©e Madame Louise aprĂšs son baptĂȘme en 1747. Elle entre au Carmel en 1770 sous le nom de ThĂ©rĂšse de Saint-Augustin, avec la charge de maĂźtresse des novices, puis d’économe. Élue prieure Ă  trois reprises, morte en 1787 avec ce mot qui montre son aspiration au Ciel, elle sera dĂ©clarĂ©e vĂ©nĂ©rable en 1873. N’oublions pas que la France reste trĂšs officiellement et rĂ©ellement la fille aĂźnĂ©e de l’Église » jusqu’au XIXe siĂšcle et que la religion chrĂ©tienne prĂ©domine naturellement. Lire la suite les mots de la fin des Chefs d’État, hommes et femmes politiques, militaires. LeRoi et la Reine AlexandraJKR. Summary: Le King se sĂ©pare du colonel aprĂšs avoir fini Ă  l'hĂŽpital, accompagnĂ© du groupe anglais Queen. Freddie est une diva, Roger est un petit blond Ă©nervĂ© et On les aime tellement ces petits beau gosses. Work Text: Dans le monde du show-business des annĂ©es 70 tout le monde se connaĂźt, c’est Ă©lĂ©mentaire. Entre stars de la On s’en doutait, voilĂ  qui est confirmĂ©, le Roi et la Reine seront prĂ©sents en rĂ©gion verviĂ©toise Ă  l’occasion de l’anniversaire des inondations qui ont ravagĂ© toute une partie de notre rĂ©gion. Ils iront Ă  la rencontre des Limbourgeois le 14 juillet. Un an jour pour jour aprĂšs les inondations, le 14 juillet, le Roi et la Reine se rendront Ă  Limbourg pour rencontrer les autoritĂ©s locales, les commerçants, les reprĂ©sentants des services de secours et la population sinistrĂ©e. Ils assistent ensuite Ă  une cĂ©rĂ©monie d’hommage organisĂ©e par la RĂ©gion wallonne Ă  ChĂȘnĂ©e pour les personnes dĂ©cĂ©dĂ©es lors des inondations », indique le Palais Royal dans un communiquĂ©. Lire aussi Le Roi et la Reine Ă  ChĂȘnĂ©e le 14 juillet À l’issue de cette cĂ©rĂ©monie, lors de laquelle le Premier Ministre De Croo, le Ministre-PrĂ©sident Di Rupo et le bourgmestre Demeyer prendront la parole, le Roi et la Reine rencontreront les familles des dĂ©funts. Lire aussi La RĂ©gion finance des monuments pour commĂ©morer les inondations de juillet
Lafille appartient Ă  la mĂšre et le fils au pĂšre. Egziabeher a maudit Eve en disant : " Enfante avec douleur et pincement de coeur et aprĂšs ton enfantement retourne chez ton mari; enfante avec une promesse et aprĂšs la promesse, retourne chez ton mari. Ainsi je ne donnerai pas mon fils, Ă  la reine mais je le ferai roi
60 ans de mariage, ça se fĂȘte! À l’occasion des noces de diamant du roi Albert II et la reine Paola, la famille royale belge s’est rĂ©unie au complet dans le Sud de la France, comme le relate Belga. Une photo inĂ©dite a Ă©tĂ© publiĂ©e sur le compte Twitter de la un clichĂ© qu’il est rare de voir l’entiĂšretĂ© de la famille royale belge sur une seule et mĂȘme photo! “Leurs MajestĂ©s le Roi Albert et la Reine Paola ont rĂ©uni, Ă  l’occasion de leurs noces de diamant, leurs enfants, leurs petits-enfants et leurs arriĂšres petits-enfants”, peut-on lire en lĂ©gende de la photo, sur laquelle seul le prince Joachim, fils de la princesse Astrid et du prince Lorenz, ne figure pas. Alors, arriverez-vous Ă  reconnaĂźtre tout le monde? Leurs MajestĂ©s le Roi Albert et la Reine Paola ont rĂ©uni, Ă  l’occasion de leurs noces de diamant, leurs enfants, leurs petits-enfants et leurs arriĂšres petits-enfants.BelgianRoyalPalace MonarchieBe Belgian Royal Palace MonarchieBe 12 juillet 2019 Le contenu intĂ©grĂ© souhaite enregistrer et/ou accĂ©der Ă  des informations sur votre appareil. Vous n’avez pas donnĂ© l’autorisation de le ici pour autoriser cela de toute façonLa famille royale au complet On vous aide! Au centre se trouve l’heureux couple cĂ©lĂ©brĂ©, le roi Albert II et la reine Paola. De gauche Ă  droite, nous retrouvons le prince Amedeo tenant dans les bras sa fille, la princesse Anna Astrid. Le prince Laurent, Elisabetta Maria Rosboch von Wolkenstein, le prince Aymeric, la princesse Luisa Maria, la princesse Élisabeth, la princesse Louise, le prince Nicolas, le roi Philippe, le prince Emmanuel, le prince Gabriel, la reine Mathilde, la princesse Éleonore, la princesse Claire, le prince Lorenz, la princesse Astrid, la princesse Laetitia Maria et la princesse Maria d’actus people La princesse Élisabeth rĂ©alise sa premiĂšre mission pour l’UNICEF La robe que porte Kate Middleton sur les photos diffusĂ©es par Kensington coĂ»te moins de 100€ La fille de Luke Perry dĂ©voile des photos complices avec son pĂšre Pour ĂȘtre au courant de toutes nos astuces mode, beautĂ©, jardin, maison, parentalitĂ©, cuisine et l’actualitĂ©, suivez-nous sur notre page Facebook, notre compte Instagram et Pinterest, et inscrivez-vous Ă  notre newsletter.
\n \n\n \n\n et voila le roi et la reine
Cest Dans ma classe Ă  moi, on fait comme ça. On y dĂ©couvre l'album et les activitĂ©s associĂ©es. On y range les enfants du tout petit roi : On y cherche les soldats du tout petit roi : Merci Maikraisssse ! Et voilĂ  des idĂ©es supplĂ©mentaires. et un album complĂ©mentaire. ­ Chant II. Le Triomphe des NĂšgres Le roi, de retour, surprend l’orgieQuand ils sont tous couchĂ©s dans le sĂ©rail immensedes jardins, les esclaves arrivent en nains porteurs de fruits, Ă©lĂšvent sur leurs tĂȘtesdes plateaux surchargĂ©s comme des jardins du le martĂšlement des porteurs d’amphoresle lourd tapis sanglant des roses pĂ©tales volent aux frappeurs de cymbales suivent ces serviteurset prĂ©cĂšdent encor des charmeurs de le vin, la senteur des chairs jeunes et chaudesfait bondir un Nubien au milieu du NĂšgre gris le suit, que rejoignent les autres et toutes leurs compagnes, Ă©pouses, esclaves couchĂ©s au milieu des coffrets, des oiseaux, des parfumsse reposent tandis que frĂ©nĂ©tiquementde plus en plusNĂšgres et favorites, ivres de toutes les joiestournoient dans la musique, qui rĂŽde en lourds effluveset grondentcomme un orage tout striĂ© de lueurs,comme dans une torride jungle, parfois Ă©clatele cristal frĂ©missant d’une goutte de barbares mĂ©lopĂ©esfiĂšvres, rĂąleschants d’amourexacerbent les dansesune odeur de sang tiĂšde apportĂ©e par le ventse mĂȘle Ă  la transpiration des porteuses d’amphores roulent parmi les coupeset le vin rĂ©panduet les nains dans les fleurs
ShĂ©hĂ©razade debout, au centre de l’orgie,est nouĂ©e dans les bras puissants du nĂšgre d’oret tourne dans le tapis dansant des couleursdes deux cents favorites, quileurs voiles dĂ©ployĂ©sFlottent dans les fumĂ©es des parfums de haschichjettent vers les plafonds des vols de que tels des animaux fardĂ©sles nĂšgres foussecouent leurs bras chargĂ©s, leurs ventres cuirassĂ©shurlent et chantent et piĂ©tinentcomme s’ils s’agitaient pour leur Ă©ternitĂ©. Chant III. Le massacre des favorites Tout Ă  coup, derriĂšre la tenture d’Assyriedeux yeux noirs Ă©tonnĂ©s ont ne croyant plus au rĂȘve qui les mĂšneles brutes et les pĂąles danseuses se sont tus.Le roi et les janissaires sic se jettent sur eux, arme Ă  la mainLaissant sur tapis les coupes et les fleurs, les coffrets, les collierstout le troupeau hagard recule pĂȘle-mĂȘle, en se rĂ©trĂ©cissantles femmes serrĂ©es entre NĂšgres haletants et crispĂ©sles esclaves Ă©crasĂ©sPromptle maĂźtre, d’un coup, lance dans ces chairs nuesson yatagansi affilĂ© qu’il coupe sans heurtau vol, les cornes de gazelles
Les chasseurs rejoignent les danseuses les pieds aux reins des victimes surprisesarrachant les chevelures dont le hennĂ© dore leur courbe des lames s’éteint dans les entrailles,Les seins dont le lait blanc rosit la chair coupĂ©ela lance heurte des dents fardĂ©es pour le sourireet perce avec effort les ventres frappent Ă  la gorge sans mĂȘmeRegarder les yeuxsans mĂȘme ĂȘtre Ă©mus de l’amour
 Chant IV. La mort de ShĂ©hĂ©razade 1 Michel Georges Michel, ShĂ©hĂ©razade, programme de l’OpĂ©ra, 1906. Seule ShĂ©hĂ©razade, au milieu du carnageest demeurĂ©e sur son coussin d’argentĂ©pouvantĂ©edeux janissaires jauneslĂšvent sur elle aigusles maĂźtreen caressant sa barbe oĂč sa lĂšvre trop rougese torddĂ©daigneuse du goĂ»t ou de la morta vu la prĂ©fĂ©rĂ©e
Il la regardeseule demeurĂ©e de toutes ses femmes aimĂ©esla tuerie est lui, elle se dresseles seins tremblants, la gorge pĂąle, les yeux clos
Il regardsous ses paupiĂšres prolongĂ©es de longs cilserre sur le tapisoĂč palpitent encore des seinssous le frĂ©missement des voiles teintĂ©s de s’attendrit. VoilĂ  son harem !A chacune il prend un souveniret s’attarde parfois sur des lĂšvres effroi il a vu !...Sur les trois courtisanes aux chairs dĂ©chiquetĂ©esle grand nĂšgre dorĂ© qu’aime ShĂ©hĂ©razadesouritle nez saignant, les dents ouvertes, son poing serrantun peu d’étoffe qui fut de sa ceinture
Shahriar porte Ă  ses yeux ses deux mains et attend
ShĂ©hĂ©razade a compris, elle tourne la tĂȘte vers les couteaux dĂ©jĂ  plus prĂšs de son cƓur viergeet sa nuque sauvage et brune se larmes d’amoursont deux ruisseaux clairs sur les roses de son le maĂźtre n’ayant pas dĂ©tournĂ© la tĂȘtesoudain elle arrache Ă  ses bourreaux un coup elle se frappe et se traĂźne aux pieds rougesdu superbe bras tombĂ©, la tĂȘte penche, le sein monteelle meurt. Tandis que la roideur du muscle fait frĂ©mirl’Ɠillet d’or tatouĂ© sur sa peau triomphale
Et traĂźnant avec elle sur les roses foulĂ©esla musique finit comme le dernier orage de l’été  1 1Depuis la traduction d’Antoine Galland, Les Mille et une Nuits ne cessent d’ĂȘtre une source fĂ©conde d’inspiration pour de nombreux Ă©crivains, poĂštes et artistes en Orient comme en Occident. L’Ɠuvre a ainsi fait rĂȘver les auteurs lecteurs occidentaux, excitĂ© leur imagination et inspirĂ© des formes artistiques et littĂ©raires variĂ©es comme la peinture, la musique, le théùtre ou l’opĂ©ra. 2Nous nous proposons d’analyser ce poĂšme dans cette optique. C’est une vision dramatique qui se dĂ©gage Ă  travers l’Ɠuvre de Michel Georges Michel, poĂšte, peintre et dessinateur français 1768-1843. Il s’inspire de l’Ɠuvre arabe et orientale pour crĂ©er ShĂ©hĂ©razade. Le poĂšme est composĂ© de trois chants intitulĂ©s successivement Le triomphe des nĂšgres, Le massacre des favorites, La mort de ShĂ©hĂ©razade ». La matiĂšre thĂ©matique qui s’y fixe, non pas au hasard mais selon un schĂ©ma bien dĂ©terminĂ©, nous rĂ©vĂšle des traits spĂ©cifiques aisĂ©ment dĂ©celables sous des ajustements imposĂ©s par les circonstances. Il s’agit, en effet, d’une transposition du conte-cadre des Mille et une Nuits le retour du roi Shahriar qui surprend la tromperie de son Ă©pouse et de tout son harem avec des nĂšgres. Meurtri par la douleur et touchĂ© dans son honneur, ce dernier se venge d’une façon atroce. Nous assistons alors Ă  un passage d’Orient en Occident avec toutes les transformations nĂ©cessaires pour rĂ©pondre au goĂ»t spĂ©cifique d’une Ă©poque et d’un espace. Le renvoi Ă  un monde imaginaire soustrait aux rĂšgles bien Ă©tablies de l’univers puise sa source dans une matiĂšre traditionnelle. C’est en corrĂ©lation avec l’émergence d’Ɠuvres s’inspirant des Nuits que l’opĂ©ra de notre auteur prendra racine. 3À partir du deuxiĂšme chant, Michel Georges Michel nous rĂ©vĂšle une image d’un Orient rĂȘvĂ©. Cette image se manifeste Ă  travers l’ambiance festive de l’orgie. DĂ©finie comme une partie de dĂ©bauche et de plaisir licencieux, l’orgie est un phĂ©nomĂšne social oriental qui s’attache Ă  la classe aisĂ©e. Il est question dans cette transposition d’une fureur gĂ©nĂ©sique qui dĂ©passe les simples limites affabulatrices » des contes. Elle ne relĂšve d’aucun registre de morale ou de transgression connu dans le monde arabo-islamique. 4Deux transgressions parcourent le poĂšme, la premiĂšre est une transgression de l’interdit, le zinĂą, pĂȘchĂ© Ă  caractĂšre sexuel et l’autre transgression du rapport sexuel conventionnel, l’orgie. Les deux sont bannies et interdites dans toutes les civilisations humaines. L’orgie se veut ici " anti-systĂšme, contre ordre et nĂ©gation des vertus" Ă©lĂ©mentaires qui fondent la morale sociale. C’est en fait un aspect de libertĂ© qui se dĂ©gage de ces transgressions. Une libertĂ© qui donne un dynamisme ardent, un frĂ©missement vital incomparable. Non pas un esprit de rĂ©volte, mais une gĂ©nĂ©rositĂ© Ă  l’égard de cette femme-reine. C’est aussi un dĂ©part pour une Ɠuvre dramatique. 5Le poĂšte nous peint une orgie en dĂ©crivant minutieusement la fĂȘte privĂ©e organisĂ©e par la reine au sein du harem. Le cadre spatial rĂ©pond Ă  ce clichĂ© d’un Orient immensĂ©ment riche Le sĂ©rail immense, le jardin, les plateaux surchargĂ©s, les tapis. » oĂč le luxe et la voluptĂ© sont les deux maĂźtres mots. Un grand nombre d’esclaves deux cents » mĂąles et femelles, les mĂąles n’étant pas des eunuques, est indispensable au bon dĂ©roulement de l’orgie. 6Tous les ingrĂ©dients de l’orgie sont rĂ©unis le palais, le nombre d’hommes et de femmes, leur Ă©gale jeunesse, leur disponibilitĂ©, l’appĂ©tit miraculeux dont ils font preuve, tous ces Ă©lĂ©ments situent le poĂšme dans un territoire autre » celui de l’anomie, de la contestation et du dĂ©passement ». 7Le caractĂšre grandiose du lieu ouvert reflĂšte l’absence de limites. Tout est permis dĂšs l’instant oĂč nous sommes en prĂ©sence d’un cadre royal ou de classe aisĂ©e. Le statut princier ou nobiliaire des participants ou des organisateurs joue un rĂŽle prĂ©pondĂ©rant dans la rĂ©alisation et le dĂ©roulement des festivitĂ©s. 8Cette idĂ©e se dĂ©gage aussi Ă  travers l’exagĂ©ration de la fĂȘte orgiaque Les nains, porteurs de fruits, Ă©lĂšvent sur leurs tĂȘtes des plateaux surchargĂ©s / les pĂ©tales volent aux chevilles / le vin, la senteur de la chair jeune et chaude, nĂšgres, favorites, ivres de toutes les joies
 . 9L’orgie prĂ©sente ainsi un trait singulier la fascination de la durĂ©e de copulation. Image allusive au fait que les mĂąles et les femelles qui sont conviĂ©s Ă  de telles ripailles ont des capacitĂ©s gĂ©nĂ©siques qui dĂ©passent la moyenne. L’ambiance, exagĂ©rĂ©e, nous donne l’impression d’émerger d’un rĂȘve qui cherche Ă  se dĂ©finir par rapport au monde oriental paradisiaque. La dĂ©mesure gustative renforce l’idĂ©e de l’excĂšs plateaux surchargĂ©s [comparĂ©s aux] jardins du ciel ». Ces lieux renvoient aux jardins de Babylone, symbole de la richesse orientale et du faste par excellence. L’image de la luxure caractĂ©rise cet univers orgiaque qui Ă©voque un plaisir double. Au plaisir de la vue des espaces splendides et harmonieux s’ajoute le plaisir olfactif relatif Ă  l’odeur des parfums et des pĂ©tales de roses ». Mais ce plaisir ne tarde pas Ă  se transformer en une odeur de sang tiĂšde apportĂ©e par le vent [qui] se mĂȘle Ă  la transpiration des roses ». Ce mĂ©lange entre le plaisir sexuel, le plaisir visuel et olfactif est trĂšs vite sanctionnĂ© car il est interdit et dĂ©couvert. Il est aussi sanctionnĂ© car la dĂ©mesure et l’excĂšs ne sont pas permis. Le poĂšte focalise sur cette ivresse charnelle non seulement de la reine mais aussi de ses esclaves pour montrer Ă  quel point le personnage de la reine s’abaisse pour assouvir un plaisir Ă©phĂ©mĂšre. 10L’image de la nuditĂ© et les senteurs des chairs jeunes et chaudes » montre le personnage dans un Ă©tat d’animalitĂ©. Cette image montre la femme comme personnage de dĂ©bauche qui ne cherche que le plaisir instantanĂ©. 11La nuditĂ© est un Ă©tat antinomique par excellence. Il s’agit de l’évocation des tabous vestimentaires touchant dĂ©jĂ  Ă  la sociĂ©tĂ©. La levĂ©e des tabous a une signification de dĂ©chaĂźnement des forces primordiales, seule condition de recomposition et de renouveau. 12Michel Georges Michel dĂ©crit un univers paradisiaque, imaginaire et rĂȘvĂ© relatif Ă  l’Orient. Cet univers va se transformer en bain de sang puisque la morale sociale n’admet aucun excĂšs et surtout pas le plaisir de la chair. 13Cette fĂȘte orgiaque qui reflĂšte la luxure met aussi l’accent sur le statut que prennent les nĂšgres. Elle est bannie car elle est initiĂ©e par une femme, une reine avec ses esclaves et ses odalisques. Le coup d’envoi donnĂ© par la reine remet en question l’ordre sexuĂ© masculin. En fait l’habitude ne peut ĂȘtre qu’un alibi Ă  la jouissance masculine, elle doit se contenir dans tout temps et tout lieu. Lorsque l’homme conjoint sexuellement plusieurs femmes, ce n’est ni un pervers ni un dĂ©bauchĂ© ; lorsque la femme Ă©prouve un appĂ©tit sexuel plus fort, elle ne peut ĂȘtre qu’une nymphomane, qu’une possĂ©dĂ©e, jamais possĂ©dante. 14La prĂ©sence des nĂšgres, au centre du tableau, est significative Un Nubien au centre du tapis » ils prennent la place du roi. Le nĂšgre d’or » paraĂźt comme le prĂ©fĂ©rĂ© de la reine, sa couleur est rehaussĂ©e pour le distinguer des autres nĂšgres gris » ; il est de ce fait plus gai, plus lumineux. C’est une valorisation d’un personnage gĂ©nĂ©ralement rabaissĂ©, qui s’accentue par le triomphe » de ces nĂšgres. Ils participent Ă  crĂ©er une atmosphĂšre perfide, dĂ©sĂ©quilibrĂ©e par le rĂŽle qu’ils occupent. Leur triomphe » les dĂ©barrasse de cette image dĂ©gradante qui leur colle Ă  la peau ; ils prennent la place de personnages nobles et ayant un pouvoir ; c’est ainsi qu’ils sont ivres de toutes les joies, exacerbent les danses, flottent dans les fumĂ©es des parfums de haschich » 15L’excĂšs de dĂ©bauche, l’orgie et l’érotisme rendent compte de la relation qu’entreprend ShĂ©hĂ©razade avec les nĂšgres. L’auteur met en relief la croyance en la puissance sexuelle des nĂšgres et il s’inspire ainsi de la littĂ©rature arabe et des Mille et une Nuits pour renforcer cette image et ce triomphe » dans le deuxiĂšme chant. 16Ce triomphe » est provisoire. Il est vite brisĂ© par l’entrĂ©e en scĂšne du roi Shahriar. La locution adverbiale tout Ă  coup » renverse les situations et oppose les rĂ©actions ; le rythme s’accĂ©lĂšre, les phrases sont courtes, parfois monosyllabiques, les verbes d’action s’enchaĂźnent lance, coupe, perce
 ». Ce dĂ©nouement se fait par la dĂ©cision attendue et prĂ©visible du roi. 17La rupture avec l’ambiance festive et heureuse est immĂ©diate la scĂšne du massacre commence. Le changement brusque de situation se perçoit dans le passage d’un Ă©tat d’émerveillement, d’ivresse et d’agitation Ă  un silence DĂ©jĂ  ne croyant au rĂȘve qui les mĂšne / les brutes et les pĂąles danseuses se sont tus ». Les images de luxe et de luxure cĂšdent la place Ă  un tapis sanglant ». 18La trahison de ShĂ©hĂ©razade, femme et reine, appelle la vengeance du roi. Il s’agit d’un massacre collectif des danseuses et des esclaves. Tous les acteurs doivent disparaĂźtre pour ne pas laisser de tĂ©moin. Il faut tout anĂ©antir pour ne pas laisser de trace vivante de ce dĂ©shonneur. A l’aide de ses janissaires », le roi a exterminĂ© tout le groupe. 19L’image est terrible. Il s’agit aussi d’un excĂšs dans la vengeance. Par ce bain de sang, l’auteur joue sur la sensibilitĂ© du lecteur et du spectateur puisqu’ il s’agit d’un opĂ©ra. C’est une image de la mort qui se manifeste Ă  travers la chair coupĂ©e, la courbe de lames qui s’éteint dans les entrailles ». 20La focalisation sur la description minutieuse des organes sexuels est symbolique Le maĂźtre, d’un coup, lance dans ces chairs nues son yatagan / si affilĂ© qu’il coupe sans heurt au vol, les cornes de gazelles [
] Les seins dont le lait blanc rosit la chair coupĂ©e ». 21Le roi extĂ©riorise ainsi sa rancune et extrapole les organes du mal. Il cherche Ă  laver son honneur de mari cocu et Ă  effacer toute trace de salissure en tranchant les organes du mal. 22MalgrĂ© sa beautĂ©, sa tendresse et la noblesse de son Ăąme, le roi est trompĂ© par sa propre Ă©pouse et tout son harem, ce qui confĂšre Ă  la femme, reprĂ©sentĂ©e par ShĂ©hĂ©razade, un caractĂšre pervers et ignoble. Elle brave ainsi tous les codes moraux et religieux. 23La trahison de la reine crĂ©e un sentiment de frustration chez le roi qui met tout son effort dans l’extermination du mal. 24Cette rĂ©action est une consĂ©quence Ă  l’acte de son Ă©pouse qui le dĂ©valorise aux yeux de tout le monde et surtout aux yeux des nĂšgres. C’est la rĂ©action lĂ©gitime de l’homme, du mari tiraillĂ© entre son amour propre et sa passion. 25Il tue tout le monde sauf la reine qui occupe encore le centre de la scĂšne. Son hĂ©sitation Ă  tuer ShĂ©hĂ©razade reflĂšte le dĂ©chirement entre l’homme et l’amoureux. 26Le roi se sent sali du triomphe des nĂšgres et le sourire du grand nĂšgre dorĂ© qu’aime ShĂ©hĂ©razade » accentue son humiliation . "L’objet" d’amour de la reine qui ne se rattache Ă  aucun code moral ni social met le roi en position dĂ©licate, une position d’infĂ©rioritĂ©, une position dĂ©gradante créée par sa propre Ă©pouse. Le sourire esquissĂ© montre la joie maligne qu’éprouve ce personnage au moment de rendre l’ñme, comme s’il voulait montrer au roi qu’enfin, il pouvait mourir heureux d’avoir possĂ©dĂ© sa reine. 27Le roi joue ici la seule possibilitĂ© que lui a laissĂ©e la reine ; il n’avait aucun autre choix que celui qu’il a entrepris. 28Le suicide de ShĂ©hĂ©razade qui arrache Ă  ses bourreaux un poignard » symbolise le triomphe de cette derniĂšre sur le roi, sur l’homme. Elle choisit de se tuer par ses propres mains et rejoint ainsi son nĂšgre d’or ». 29Dans ces tableaux confus, ShĂ©hĂ©razade n’est Ă©voquĂ©e que vers la fin. Toutefois elle occupe la place centrale. Debout, au centre de l’orgie », elle » est nouĂ©e dans les bras puissants du nĂšgre d’or / et tourne dans le tapis dansant des couleurs / des deux cents favorites ». Cette mise en scĂšne théùtrale met en valeur ShĂ©hĂ©razade, seul personnage nommĂ© dans le poĂšme. Sa posture debout », les tapis » rehaussĂ©s de couleurs, et le nombre de femmes qui ont rĂ©pondu Ă  l’appel de la reine soulignent son rĂŽle important dans l’organisation et le bon dĂ©roulement de la fĂȘte. Cette image n’est pas diffĂ©rente de celle des Mille et une Nuits en ce sens que la charpente des contes, le contenu des histoires, la dĂ©livrance du royaume de l’injustice du roi incombent au personnage principal, ShĂ©hĂ©razade. Elle a toujours jouĂ© le rĂŽle de maĂźtresse, de celle qui dĂ©tient son destin en main. 30Mais, il ne s’agit que d’une transposition littĂ©raire du conte-cadre de l’oeuvre orientale en donnant Ă  ShĂ©hĂ©razade le rĂŽle de la reine, premiĂšre femme du roi. Si dans les Nuits, ShĂ©hĂ©razade est la conteuse qui met son intelligence au service de ses congĂ©nĂšres, si elle incarne l’image de la femme vertueuse, elle devient ici le symbole du charme, de la sensualitĂ© et surtout de la perfidie et de la perversion. Elle s’apparente Ă  un signifiant vidĂ© de son sens et auquel on attribue une nouvelle signification. 31Elle devient l’incarnation du plaisir nouĂ©e dans les bras puissants du nĂšgre d’or », l’image de la femme dĂ©bauchĂ©e et corrompue qui ne cherche que le plaisir de la chair. À l’empereur superbe et beau », elle choisit le nĂšgre d’or » symbole de la puissance sexuelle et de l’animalitĂ© qui se substitue Ă  l’esclave noir » dans l’Ɠuvre originale. 32Elle organise une fĂȘte orgiaque en l’honneur des nĂšgres oĂč le plaisir de la bouche se mĂȘle au plaisir sexuel. Elle choisit un nĂšgre exceptionnel, le nĂšgre d’or » pour tromper le roi. 33Apparemment, ShĂ©hĂ©razade de Michel Georges Michel n’a rien Ă  voir avec celle des Nuits. Cependant elle est aussi distinguĂ©e par sa beautĂ©, par la place qu’elle occupe dans la scĂšne, le centre ». Elle assiste aussi au massacre et choisit de mettre fin Ă  ses jours par ses propres mains. Le poĂšte lui garde un caractĂšre exceptionnel qui la distingue des autres. 34Elle est la seule survivante face Ă  laquelle les janissaires hĂ©sitent ». Shahriar porte Ă  ses yeux ses deux mains et attend », touchĂ© dans son honneur, blessĂ©, le roi ne peut voir le spectacle. 35Le poĂšte semble reprendre Ă  son goĂ»t et au goĂ»t de son Ă©poque le conte-cadre des Mille et une Nuits qui raconte la trahison de la femme du roi Shahriar. Ce dernier dĂ©cide de se venger de toutes les femmes et c’est ShĂ©hĂ©razade qui se propose » pour sauver son sexe. Dans ce poĂšme, ShĂ©hĂ©razade est substituĂ©e Ă  la reine. Elle devient un personnage littĂ©raire Ă  part entiĂšre, un personnage mythique. La scĂšne de la tuerie semble ĂȘtre un prĂ©texte au lyrisme mais aussi au pathĂ©tique et au dramatique. Il faut punir la femme coupable d’adultĂšre. Tel est le cas dans toutes les civilisations humaines. Et pour garder le cĂŽtĂ© mythique de ce personnage, Michel Georges Michel lui laisse le soin de choisir sa fin. 36Il convient de mettre en Ă©vidence, au terme de ce travail, une interpĂ©nĂ©tration de culture orientale et occidentale par le biais d’un personnage hors du temps, ShĂ©hĂ©razade, inventĂ©e par un conteur anonyme, dĂ©couverte par un traducteur occidental et remise en scĂšne par des Ă©crivains talentueux. On peut donc conclure que l’exotisme de ShĂ©hĂ©razade, s’il n’est pas destinĂ© Ă  crĂ©er une atmosphĂšre orientalisante gratuite, n’est pas davantage un badigeon superficiel fait pour amuser le public. Le poĂšme a une portĂ©e dans l’ordre des idĂ©es de son temps. Ce poĂšme ne serait-il pas une rĂ©flexion sur la relation du couple homme-femme et sur la condition de leur coexistence ?
LeRoi lion et sa fille. Interprété par Rebecca Kompaoré avec les voix de Charles Kouhoury, Reine Leticia Azi, Vincent Kouamé, Jean-Marc Kouasi Kouadio. Musique : Jean Sempé Ake Olloé

La reine mĂšre Élisabeth rend visite aux enfants des quartiers populaires de Londres pendant les bombardements en 1940. Ho New/Reuters Bien sĂ»r, au premier coup d'oeil, le clichĂ© est troublant. Consternant mĂȘme. En couverture du quotidien The Sun, la duchesse d'York, future reine consort Élisabeth, ses filles Élizabeth et Margaret, encouragĂ©es par le prince de Galles, futur Édouard VIII, font le salut nazi. Et la photographie, de mĂ©diocre qualitĂ©, s'accompagne de ce titre racoleur Their Royal Heilnesses Leurs Heiltesses Royales. Un mĂ©chant jeu de mots substituant le "Al" d'altesses au "Heil" du salut hitlĂ©rien. L'image est tirĂ©e d'un petit film de 17 secondes, tournĂ© devant le manoir de Birkhall, sur le domaine royal de Balmoral, en 1933, probablement par le futur George VI. À y regarder de plus prĂšs, il est clair que la duchesse d'York et les princesses, 6 et 3 ans, qui trĂ©pignent et sautent de joie, se livrent Ă  une parodie. Et il convient de replacer la scĂšne dans son contexte historique. À cette Ă©poque, le parti national-socialiste vient de remporter les Ă©lections lĂ©gislatives, et Adolf Hitler accĂšde, dĂ©mocratiquement, au poste de chancelier de la rĂ©publique de Weimar. Sur la pellicule, Élisabeth et ses filles se moquent probablement des rodomontades du nouveau leader nazi, comme le feront Charlie Chaplin, en 1940, dans Le dictateur, et Ernst Lubitsch, en 1942, dans To Be or Not to Be. Personne, ou presque, ne veut alors envisager la guerre. La jeune duchesse Élisabeth, qui a perdu son frĂšre Fergus Ă  la bataille de Loos, en 1915, moins encore qu'une autre. Devenue reine au cĂŽtĂ© de George VI, en dĂ©cembre 1936, elle saura pourtant s'y prĂ©parer avec courage et abnĂ©gation. Pour combattre son ennemi, il faut le connaĂźtre. Elle se procure une version intĂ©grale du Mein Kampf d'Hitler, et pas l'Ă©dition expurgĂ©e des thĂšses antijuives qui circule alors au Royaume-Uni. Elle analyse l'ouvrage dont elle fait parvenir un exemplaire Ă  lord Halifax, le ministre des Affaires Ă©trangĂšres, en lui recommandant de ne pas trop s'y attarder "Sinon, vous allez devenir fou, ce qui serait dommage. Le feuilleter suffit Ă  donner une bonne idĂ©e de sa mentalitĂ©, de son ignorance et de son Ă©vidente sincĂ©ritĂ©." MalgrĂ© les bombardements, Élisabeth refuse de quitter LondresÉlisabeth est auprĂšs de George VI, le 3 septembre 1939, devant le poste de radio, quand Neville Chamberlain annonce l'entrĂ©e en guerre du Royaume-Uni. "Je n'ai pu empĂȘcher mes larmes de couler, mais nous comprenions tous les deux que c'Ă©tait inĂ©vitable, que si nous voulions que la libertĂ© demeure dans notre monde, nous devions affronter la cruelle foi nazie, nous dĂ©barrasser de ce cauchemar continu... Pendant que tout cela nous venait Ă  l'esprit, soudain l'horrible hurlement des sirĂšnes d'alarme se fit entendre. Nous nous sommes regardĂ©s le roi et moi, disant ça ne peut pas ĂȘtre ça, mais si, ça l'Ă©tait, et le coeur battant nous sommes descendus dans l'abri, au sous-sol. MĂ©dusĂ©s, horrifiĂ©s, nous avons attendu que tombent les bombes." Offre limitĂ©e. 2 mois pour 1€ sans engagement La tempĂȘte de feu de la Luftwaffe mettra encore une annĂ©e avant de s'abattre sur Londres. Mais le terrible Blitz, qui durera de septembre 1940 Ă  mai 1941, dĂ©vastera alors la capitale. Les quartiers populaires de l'Est, le palais de Westminster, la cathĂ©drale Saint-Paul et mĂȘme la chapelle de "ce cher vieux Buckingham" sont touchĂ©s. Mais cette derniĂšre attaque, loin d'abattre la reine Élisabeth, renforce encore sa dĂ©termination "Finalement, je suis assez contente, maintenant je peux regarder les gens de l'East End en face." Et quand les officiels lui conseillent de mettre ses filles Ă  l'abri, loin du danger, elle rĂ©pond impassible "Les enfants ne partiront pas sans moi. Il m'est impossible de laisser le roi. Et le roi ne partira jamais !" Élisabeth, la reine mĂšre, et Sir Winston New/ReutersPlus les bombardements s'intensifient, plus la reine s'active. Aux enfants rescapĂ©s du bombardement d'une Ă©cole, elle distribue les bananes rapportĂ©es de Casablanca, par lord Mountbatten, pour ses propres filles. "La vue de ces petits visages, si mignons, torturĂ©s pour les besoins de propagande nazie, m'a rendue plus dĂ©terminĂ©e que jamais Ă  dĂ©truire ces Ă©pouvantables Boches. Je grince des dents de rage." VĂȘtue de tons beige clair, rose poudrĂ© ou bleu lavande, son "arc-en-ciel de l'espoir", jamais de noir jugĂ© trop dĂ©faitiste et anxiogĂšne, elle sillonne les villes et les faubourgs dĂ©vastĂ©s. Toujours souriante, pleine d'espoir et de courage. À sa soeur Mary, lady Elphinstone, elle avoue pourtant "J'ai toujours aussi peur des bombes et des canons qu'au dĂ©but. Je deviens rouge brique et mon coeur bat, en fait je suis une lĂąche, mais comme je suis sĂ»re qu'un tas de gens le sont, ça m'est Ă©gal ! Bon, chĂ©rie, je dois arrĂȘter... et Ă  bas les nazis !" Mais son combat psychologique fonctionne. Au point d'anĂ©antir les effets de la campagne de dĂ©moralisation orchestrĂ©e par l'ennemi. Pour Hitler, qui en perd le sommeil, elle est devenue, dĂšs 1942, "la tĂȘte Ă  abattre". Et de son propre aveu "La femme la plus dangereuse d'Europe !" "Plus dĂ©terminĂ©e que jamais Ă  dĂ©truire ces Ă©pouvantables Boches !" Mariage de la princesse Elizabeth, future reine Elizabeth II, et Philip Mountbatten -en tenue d'officier de la Royal Navy britannique- le 20 novembre "sang allemand" du prince Philip À la suite des "rĂ©vĂ©lations" du journal The Sun, plusieurs mĂ©dias britanniques s'engouffrent dans la polĂ©mique en rappelant les origines allemandes du duc d'Édimbourg. Le prince Philip, qui s'est distinguĂ© dans la Royal Navy durant la Seconde Guerre mondiale, est effectivement le fils de la princesse AndrĂ© de GrĂšce et de Danemark, nĂ©e Alice von Battenberg. Seulement voilĂ , la mĂšre du futur duc d'Édimbourg, loin de collaborer avec ses "compatriotes" aprĂšs l'invasion de la GrĂšce par les forces de l'Axe, en 1941, va se consacrer sans relĂąche au secours des AthĂ©niens, comme infirmiĂšre et mĂȘme cantiniĂšre. Quand les rafles dĂ©buteront, conduisant Ă  la dĂ©portation de 60 000 des 75 000 Juifs de la capitale, elle cachera Ă  son domicile madame Rachel Cohen et deux de ses cinq enfants. Disparue en 1969, la princesse a Ă©tĂ© honorĂ©e par le ComitĂ© Yad Vashem du titre de "Juste parmi les nations". Elle repose au couvent Sainte-Marie-Madeleine de JĂ©rusalem, sur le mont des oliviers. Les plus lus OpinionsTribunePar Carlo Ratti*ChroniquePar Antoine BuĂ©no*ChroniqueJean-Laurent Cassely

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et voila le roi et la reine